Cet article date de plus de neuf ans.

Vidéo "Envoyé spécial" : L'habile scénario de ces escrocs qui se prétendent PDG

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min - vidéo : 3min
Envoyé spécial : arnaque au président
Envoyé spécial : arnaque au président Envoyé spécial : arnaque au président (ELISE LE GUEVEL / FRANCE 2)
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Sabine Clément, à la tête d’une petite agence bancaire de Seine-et-Marne, est l’une des victimes de l’arnaque dite "au président". Manipulée comme tant d'autres, elle témoigne pour "Envoyé spécial". Extrait.

En 2006, Sabine Clément est directrice d'une agence bancaire située en Seine-et-Marne. Une de ses missions ? Commander des fonds pour les distributeurs automatiques. Un samedi matin, une demi-heure avant la fermeture de la banque, elle reçoit un appel. Son interlocuteur affirme être le président de la banque LCL.

Un scénario de cinéma

"'Voilà, je suis le président. Vous devez faire…' Donc vous, vous écoutez, vous dites : 'Attendez, si j’ai bien compris, c’est ça que je dois faire -– Oui !' Et puis ça  raccroche, c’est à peu près ça", se souvient la responsable d’agence. Le prétendu PDG ne lui a donné qu’un seul ordre, répondre à un agent de la DGSE qui va la contacter.

Peu de temps après, second appel, cette fois-ci du complice qui se fait passer pour l’agent secret. Il lui explique que certains de ses riches clients sont impliqués dans des réseaux terroristes.

De l’art de la manipulation

"Vous avez des enfants. Je travaille pour leur donner un monde meilleur. Justement, je participe à la lutte antiterroriste", explique le complice. Un discours rodé et des victimes triées sur le volet.

Cet appel doit rester secret, protégé par un nom de code. Le faux agent lui ordonne de n'en parler à personne, pas même à ses collègues de la banque. L'étau se resserre sur la jeune femme, persuadée d'avoir à faire à un vrai fonctionnaire de la DGSE.

Brouiller les pistes

Cinq jours après le premier appel, sur demande du faux agent, elle fait une commande de 978 000 euros. L’escroc lui ordonne de placer les billets dans une boîte, puis dans un sac de voyage. Il lui demande de louer une voiture pour rejoindre Paris, où elle devra prendre un taxi place Denfert-Rochereau, direction les Folies Bergère. Elle accomplit chacun de ses ordres presque machinalement, car sous emprise. Le rendez-vous sera finalement donné dans un bar quelconque du IXe arrondissement. Elle se rendra aux toilettes, et glissera le sac dans l'entrebâillement de la porte, conformément aux consignes qui lui ont été données. Elle apercevra une silhouette de dos s'enfuyant avec l'argent.

Sabine Clément ne reverra jamais l’argent. Cette escroquerie lui coûtera sa carrière. L’homme derrière cette arnaque qui s’est depuis répandue dans tout l’Hexagone a un nom. Il s’appelle Gilbert Chikli, a fait de nombreuses autres victimes, et il est toujours en cavale à l’étranger. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.