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Vidéo "Sur la ligne" entre les Etats-Unis et le Mexique, à l'"aborteria" de Monterrey : quand les Américaines ont besoin des Mexicaines pour avorter

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"Sur la ligne" entre les Etats-Unis et le Mexique, "l'aborteria" de Monterrey vient en aide aux Américaines
"Sur la ligne" entre les Etats-Unis et le Mexique, "l'aborteria" de Monterrey vient en aide aux Américaines "Sur la ligne" entre les Etats-Unis et le Mexique, "l'aborteria" de Monterrey vient en aide aux Américaines (SUR LA LIGNE / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
"Jamais je n'aurais imaginé que les femmes aux Etats-Unis auraient un jour besoin des Mexicaines pour avorter." Vanessa n'en revient pas. Sa maison de Monterrey, à deux heures du Texas, reçoit de plus en plus d'Américaines pour un avortement libre et gratuit. Et pour aider celles qui ne peuvent pas faire le déplacement, d'autres moyens ont été mis au point, a expliqué la militante féministe au magazine "Sur la ligne".

Son tee-shirt porte ces deux mots, en espagnol : "Necesito abortar" ("J'ai besoin d'avorter"). C'est le nom du réseau d'entraide cofondé par Vanessa Jiménez Rubalcava et sa compagne Sandra Cardona, qui propose d'accompagner gratuitement les femmes qui ont choisi d'avorter et de leur fournir un protocole d'avortement médicamenteux à domicile.

Ainsi, "quand une femme tape sur Google 'J'ai besoin d'avorter', elle tombe sur nous", explique Vanessa. Dans leur maison de Monterrey, au nord-est du Mexique, elles ont aménagé une pièce qu'elles ont baptisée "la aborteria" ("l'avorterie"). Un lieu confortable initialement destiné aux Mexicaines, pour que "les femmes se sentent chez elles" le temps de pratiquer un avortement. Le gîte, le couvert et les pilules abortives sont fournis. 

Chaque mois, l'association aide en moyenne 70 Américaines à avorter

Vanessa et Sandra militent pour que soit pratiqué librement et sans danger cet acte que le Mexique a décriminalisé en septembre 2021. Moins d'un an plus tard, les Etats-Unis revenaient sur l'arrêt Roe v. Wade de 1973 qui garantissait le droit à l'avortement au niveau fédéral. Depuis cette décision de la Cour suprême américaine, les messages sur leurs pages Facebook, Instagram ou TikTok affluent du Kansas voisin, d'Arizona, Floride, Géorgie, Indiana, Kentucky, Louisiane… et même d'Etats où l'avortement, bien que légal, reste coûteux, comme le Kansas ou le Massachusetts.

"Ces femmes, évidemment qu'elles ont peur. Quand c'est une Mexicaine, elle a peur de mourir, de l'hémorragie. Quand c'est une Américaine, elle a surtout peur de la loi ! Bien plus que des risques physiques."

Sandra Cardona, cofondatrice de "Nesecito abortar"

dans "Sur la ligne"

Comme toutes ces Américaines n'ont pas les moyens de se déplacer jusqu'à Monterrey, Vanessa et Sandra ont mis sur pied un réseau pour leur faire parvenir des pilules abortives. A l'origine, ce sont des médicaments destinés à traiter les ulcères, mais des chercheurs ont découvert qu'en déclenchant des contractions, ils permettaient d'interrompre une grossesse.

Un réseau d'activistes pour livrer des kits abortifs jusqu'aux Etats-Unis

Alors des activistes franchissent la frontière en faisant passer ces pilules pour leur propre traitement, puis vont les livrer aux femmes qui en ont besoin. "Ce genre de faille dans le système", c'est exactement ce que recherche l'association : sans se mettre hors la loi, elle "fait en sorte que l'avortement demeure un droit pour celles qui en ont besoin".

Extrait de "Etats-Unis-Mexique : au pied du mur", premier numéro du nouveau magazine d'information internationale "Sur la ligne", diffusé le 12 janvier 2023 à 23 heures sur France 2 et, et dès 6 heures du matin sur la plateforme France.tv.

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