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Politique de l'emploi : "Plutôt que de s'attaquer aux chômeurs, c'est bien au chômage qu'il faut s'attaquer" pour Adrien Quatennens

Le député La France insoumise, invité du 19h20 politique jeudi, est revenu sur les annonces faites par Edouard Philippe à propos des freins qui pèsent sur l'activité économique de la France.

Article rédigé par franceinfo
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Adrien Quattenens, député La France insoumise, le 20 septembre 2018 sur franceinfo. (FRANCEINFO)

"Plutôt que de s'attaquer aux chômeurs, c'est bien au chômage qu'il faut s'attaquer", a tenu à affirmer jeudi 20 septembre sur franceinfo le député La France insoumise du Nord Adrien Quatennens, réagissant aux propos du Premier ministre jeudi matin sur France Inter. Edouard Philippe a dénoncé les freins qui pèsent sur l'activité économique et l'emploi.
Selon le député du Nord, la politique du gouvernement se résume par : "diminuer les droits des travailleurs, déréguler le marché du travail" alors qu'il n'y a "pas de corrélation entre le contenu du droit du travail et le niveau de chômage".

franceinfo : Le Premier ministre a dénoncé jeudi matin les freins qui pèsent sur l'activité économique et l'emploi. Edouard Philippe dit ce que les Français pensent tout bas ?

Adrien Quattennens : Ce qu'il pense et ce qu'il dit n'est pas le bon diagnostic. La question qui se pose est prise par le mauvais bout. Quelle est la situation de l'emploi dans notre pays ? C'est une situation où en moyenne, en équivalent temps plein, vous avez un emploi non pourvu pour 40 chômeurs. Même si on applique ce qu'Emmanuel Macron appelle de ses voeux, mettre tout le monde dans une case vide, vous avez encore une masse considérable de chômeurs.

Quelle est la responsabilité d'Emmanuel Macron et des politiques menées avant lui ? Pourquoi il ne peut pas y avoir de retour à l'activité dans notre pays ? Parce qu'en gros, la politique de l'emploi en France que poursuit Emmanuel Macron plus durement que ces prédécesseurs, se résume en peu de mot : diminuer les droits des travailleurs, déréguler le marché du travail alors qu'il n'y a pas de corrélation entre le contenu du droit du travail et le niveau de chômage et exonérer de charges les entreprises.

À l'issue de ces 15 premiers mois, il n'y a pas d'effet positif pour l'emploi. À La France insoumise, parce que nous sommes pour le partage des richesses et le pouvoir d'achat et parce que nous proposons la planification écologique, nous sommes le mouvement des carnets de commandes remplis. Je pense que les carnets de commandes sont plus importants que le droit du travail. Emmanuel Macron devrait se rendre compte que plutôt que de s'attaquer aux chômeurs, c'est bien au chômage qu'il faut s'attaquer.

Edouard Philippe a dit jeudi que les retraités comprennent sa politique. Vous êtes d'accord ?

Il tire les conclusions avant. Il a envie d'y croire. Les retraités comprennent surtout que pour le moment, depuis le début de ce quinquennat, Emmanuel Macron leur fait les poches. Toute la politique budgétaire du gouvernement a été de redistribuer toujours plus d'argent à ceux qui tiennent le plus de capital. Les retraités ont été durement tapés au portefeuille. Le gouvernement, dans une rentrée assez chaotique, voit bien qu'il y a des échéances électorales qui arrivent. De fait, cela va être l'occasion de sanctionner leur politique. Tout ce qu'ils font, c'est directement voulu par la Commission européenne. Voter contre la politique d'Emmanuel Macron au mois de mai 2019 ou voter contre l'Europe de ces traités, c'est faire une seule et même chose.

La demande de la justice d'une expertise psychiatrique pour Marine Le Pen est-elle une décision politique ?

Quand il y a des procédures, je suis pour qu'on les respecte. Par contre, je crois que ce n'est pas sur ce terrain-là que se mènera le combat politique contre l'extrême droite. Je ne suis pas pour qu'on psychologise les débats et la question politique autour de Marine Le Pen. C'est politiquement qu'il faut s'attaquer au Rassemblement national. Parmi les électeurs du Rassemblement national, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas idéologiquement convaincus par le projet rabougri de repli sur soi que propose Marine Le Pen. Il y a plein de gens qui sont justes fâchés et à qui on peut proposer une issue qui soit positive. Le combat contre Rassemblement national se mène sur le combat des idées, c'est ce que nous faisons et ce qu'il faut continuer à faire.

L'affaire Alexandre Benalla a passionné les Français, selon le sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro. Vous les comprenez ?

Evidemment de par sa gravité. Toute la première année d'Emmanuel Macron a montré que sur le fond, il était dans la continuité de Sarkozy et Hollande. Le seul espoir que pouvaient avoir les Français c'était la République exemplaire. Ils voient que ce n'est pas la République exemplaire mais la République des affaires. Donc cette affaire a achevé de convaincre que la macronie était en décomposition. Evidemment, les gens ont suivi cela avec intérêt. Les Français n'aiment pas les passe-droits. Ils n'aiment pas quand on se sent au-dessus des lois.

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