Réforme de la SNCF : "Il reste 15 jours pour que le gouvernement entende", prévient Laurent Berger
Alors que les syndicats de la SNCF appellent à une grève longue et dure contre le projet de réforme ferroviaire préparée par le gouvernement, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT a appelé le gouvernement à la concertation.
Les syndicats de la SNCF appellent à une grève longue et dure contre le projet de réforme ferroviaire préparée par le gouvernement. Cette grève aura lieu deux jours sur cinq du 3 avril au 28 juin. "On se tape les cheminots. Il ne faut pas s’étonner que cela provoque cette réaction", déclare ce vendredi sur franceinfo Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
"Il y a une concertation qui est ouverte, elle doit nous emmener d'un point A à un point B, insiste Laurent Berger. Ce qui motive la grève c'est que pour l'instant dans les concertations, il y a eu une écoute attentive rien de plus. Il reste 15 jours pour que le gouvernement entendent un certain nombre de points (...) Hier, les syndicats ont décidé qu'à partir de début avril, il y aurait des mouvements de grève. On est le 16 mars, ça laisse 15 jours, trois semaines pour discuter. Discutons."
Une concertation, c'est écouter le point de vue de l'autre et regarder comment on peut construire des propositions et des compromis. Donc, le gouvernement, qu'il le fasse.
Laurent Bergerfranceinfo
Laurent Berger explique que "la CFDT ne cherche pas le mouvement pour le mouvement. Si on peut se l’éviter, on le fait. La volonté n'est pas d'embêter" les usagers. "Le ballon il est dans le camp du gouvernement. Il faut que cette concertation produise des résultats."
Les syndicats veulent connaître les conditions d'ouverture à la concurrence, le devenir de la SNCF et avoir des informations sur le "paquet social qui concerne le dialogue social au sein de l'entreprise SNCF et le dialogue social enfin nécessaire au sein d'une branche ferroviaire qui est aujourd'hui toute petite et n'a pas ce dialogue social", explique Laurent Berger. "Ça doit se décorréler des deux premiers points, autrement ça donne le sentiment que les responsables des bugs informatiques à Montparnasse, les responsables de problèmes sur les voies, ce sont les cheminots. Ça ce n'est pas juste."
Les syndicats ne sont pas forcément opposés au changement de statut de l'entreprise, "cela nécessite des éclaircissements", estime Laurent Berger. Si la question du statut des cheminots, si le gouvernement assure qu'il ne touchera pas, "j'imagine que la fédération CFDT-Cheminots ne poursuivra pas la grève. Mais cela veut dire qu'il faudra quand même que l'on discute la question sociale."
"Si c'est le chamboule-tout, cela ne marche pas"
Laurent Berger a par ailleurs mis en garde Emmanuel Macron. "Réformer pour réformer, cela n’a de sens que si on dit où on veut aller et quel modèle de société on veut construire", explique-t-il. "Si c'est le chamboule-tout, cela ne marche pas, assure le secrétaire général de la CFDT. Si c'est un système assez libéral avec le chamboule-tout et que chacun se débrouille, cela ne marche pas. Si c'est pour construire une société plus inclusive qui s'inscrit dans la transition écologique, qui s'inscrit dans des politiques sociales plus assumées pour les plus fragiles, cela marchera et les réformes peuvent être comprises. Mais il faut s'inscrire vraiment dans ce projet-là, aujourd'hui ça n'est pas ce qui est fait avec une gouvernance assez verticale et qui commence à heurter." Emmanuel Macron est "légitime par l'élection", estime Laurent Berge. Mais prévient : "Une pratique du pouvoir trop verticale en faisant fi des corps intermédiaires trop souvent ce n'est pas durable."
"Chiche !"
Après l'appel à la grève des syndicats de cheminots pour début avril, contre la réforme de la SNCF, Elisabeth Borne s'est dite prête à négocier. La ministre des Transports déclare que "le contenu de la loi, est à écrire ensemble dans la négociation." "Chiche", répond ce vendredi sur franceinfo Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. "Mais pas sur le dos des cheminots."
Regardez l'intégralité de l'entretien de Laurent Berger sur franceinfo le 16 mars 2018.
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