SNCF : "Il faut que le gouvernement infléchisse une partie de ses positions", juge Laurent Berger
Le secrétaire général de la CFDT qui a soumis 42 amendements à la réforme de la SNCF a demandé au gouvernement, mercredi, de "jouer le jeu" des discussions et de prendre en compte "le risque de radicalisation".
Le secrétaire général de la CFDT, invité de franceinfo mercredi 9 mai, a annoncé que son syndicat avait déposé 42 amendements à la réforme de la SNCF "encore imprécise". Laurent Berger, qui a appelé le gouvernement "à discuter", prévient qu'"il y a un risque de radicalisation". Il espère "que le gouvernement étudie" ses propositions et "les introduise dans la loi".
"C'est pour cela que la balle est dans le camp du gouvernement et qu'il faut qu'il saisisse l'espace de discussion et qu'il infléchisse une partie de ses positions", a poursuivi Laurent Berger, demandant au gouvernement qu'il "joue le jeu".
Au sujet des amendements proposés, "si on nous dit à la fin, on nous en retient trois 'mineurs', évidemment que ça ne marchera pas", a prévenu le patron de la CFDT. "Un peu plus d'une vingtaine d'amendements" sont consacrés à "la situation des cheminots qui seront transférés dans le cadre de la concurrence, avec la possibilité de retour, avec le maintien de l'emploi si jamais un des opérateurs concurrents se plante au bout de trois ou quatre mois, avec la sécurisation des parcours dans la branche ferroviaire", a-t-il détaillé. Une autre partie des amendements concerne "la question de la gouvernance du groupe public ferroviaire, l'accessibilité des capitaux, le fait qu'il faut garder une activité fret au sein du groupe ferroviaire public", a précisé Laurent Berger. D'autres propositions s'intéressent "à la performance ferroviaire par rapport aux enjeux de la transition écologique".
Emmanuel Macron "ultra-étatiste"
Appelé à commenter ses relations avec Matignon et l'Elysée, Laurent Berger s'est félicité que le Premier ministre, Edouard Philippe, ait accepté de discuter avec les syndicats, lundi, et ne veuille pas "humilier quelconque organisation syndicale que ce soit, ni les cheminots". En comparaison, il a dénoncé l'"approche autoritaire du pouvoir" d'Emmanuel Macron.
"On a un président de la République qui est ultra-étatiste et qui considère que les corps intermédiaires sont des empêcheurs de tourner en rond [plutôt] que des contributeurs à l'intérêt général mais aussi à la mise en œuvre des transformations nécessaires (...) dans notre pays." "Après, moi je ne veux pas mettre de difficultés entre eux", a ajouté Laurent Berger. "Le président de la République récolte ce qu'il sème", a-t-il jugé.
"Le président de la République n'aime pas la nuance dans la confrontation des idées, il préfère le bloc contre bloc. Je pense que c'est une profonde erreur. Notre pays a besoin (...) de confrontation positive des idées et pas de bloc contre bloc, parce qu'au final on parle assez peu des gens", a développé le numéro un de la CFDT.
Air France : appel à un nouveau dialogue social
Laurent Berger a appelé à "un dialogue social mature" chez Air France, en proie à une crise sociale, taclant au passage le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) lui reprochant d'avoir "confisqué" le dialogue social.
"Il y a beaucoup de gens qui ont joué près du gaz avec des allumettes. (...) Je crois que le SNPL a joué à l'instrumentalisation d'autres personnels, a déclaré Laurent Berger. Maintenant, il pousse ses propres revendications catégorielles, depuis deux ou trois jours, pour dire 'réglez le problème des pilotes et tout se passera bien à Air France'. Ce n'est pas vrai. À chaque fois qu'on l'a fait, c'est le personnel au sol qui a trinqué."
L'affaire Naomi : "un dysfonctionnement" du Samu
Interrogé sur l'enquête déclenchée après la mort d'une jeune femme, qui avait été moquée par le Samu à Strasbourg, Laurent Berger a jugé l'affaire "terrible, effroyable". Le secrétaire général de la CFDT y a vu un "problème de dysfonctionnement" du Samu et demandé "une réorganisation de notre système de santé et davantage de moyens".
Par ailleurs, Laurent Berger a commenté les propos du président de la République dans un documentaire diffusé sur France 3, sur "ceux qui pensent que le summum de la lutte c'est les 50 euros d'APL", qu'il compare aux valeurs pour lesquelles le colonel Arnaud Beltrame est mort dans les attentats de Trèbes. "Ce n'est pas digne. C'est une méconnaissance de la réalité sociale. Où est la bienveillance d'il y a un an ?", a lancé le patron de la CFDT. "Je trouve ça totalement injuste de mettre dans la même phrase l'acte héroïque fait par un gendarme et la problématique sociale que représente la perte de 50 euros sur une année d'APL pour des gens qui n'arrivent pas, pour certains d'entre eux, à boucler leurs fins de mois", a-t-il conclu.
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