Attaque du Hamas sur Israël : le "8h30 franceinfo" de David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient
David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient, chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques était l'invité du "8h30 franceinfo" du dimanche 8 octobre. Il répondait à Julie Marie-Leconte et Jean-Rémi Baudot
Quelle réponse d'Israël ?
Après l'offensive du Hamas sur Israël, la question de la réponse de l'État hébreu se pose. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou promet que "l'ennemi paiera un prix qu'il n'a jamais connu", ce qui présage d'une réponse musclée. Pour David Rigoulet-Roze : "La riposte sera massive, et vu le rappel des réservistes, il y aura une opération au sol. C'est la première fois que le Hamas prend le risque d'une opération frontale et globale, c'est pour ça qu'Israël parle de guerre." Une attaque qui impose presque une réponse israélienne : "Vu ce qu'il s'est passé, plus de 300 morts, des milliers de blessés, des villes investies dans le territoire reconnu internationalement, c'est inédit, et la réponse sera telle qu'il n'y en a jamais eu. Vu l'ampleur des pertes, il va falloir que la réponse soit proportionnelle à ce qui est perçu comme l'équivalent d'un 11-Septembre."
"Il y a un vrai risque d'escalade"
Des tirs de missiles ont été revendiqués par le Hezbollah libanais, entraînant une riposte israélienne sur le sud du Liban. Selon le chercheur, spécialiste du Moyen-Orient, le Hamas n’a pas agi seul : "Il y a eu des transferts d'armement, des transferts de savoir faire. Il y a clairement une patte iranienne qui permet une fabrication locale de missiles." Des soutiens qui peuvent bouleverser l'équilibre dans la région : "Il y a eu des réunions entre le Hezbollah, le djihad islamique et le Hamas. L'idée que le temps de la trêve est révolu a été assumée. Le possible front côté libanais est un vrai souci d'inquiétude pour Israël. D'un autre côté, Israël ne pourra pas éviter une réponse fortement dissuasive, qui pourrait entraîner une réponse, il y a un vrai risque d'escalade. Il y aura clairement un avant et un après 7 octobre."
En toile de fond, la normalisation entre Israël et certains pays arabes
"C'est une réussite pour le Hamas, estime David Rigoulet-Roze, parce qu'ils ont fait la démonstration qu'ils étaient en situation de déstabiliser l'État d'Israël. Évidemment, dans les opinions, ça va être capitalisé. En tant que tel, le fait d'avoir réussi cela va constituer en termes de narratif un exploit pour la cause palestinienne. Maintenant, la question est de savoir effectivement pourquoi ça a été lancé. D'aucuns considèrent qu'une partie du calcul n'est pas celui du Hamas. Il y a aussi en toile de fond la question de la normalisation entre certains États arabes - Bahreïn, Émirats arabes unis puis Maroc - et Israël, effective déjà lors des accords d'Abraham. Et il y a la question de l'Arabie Saoudite. On peut penser que vu d'Iran, cela pose un énorme problème. Et ça expliquerait aussi le rapprochement que Téhéran a tenté en mars dernier avec Riyad."
Un conflit "de plus en plus inextricable"
Le spécialiste du Moyen-Orient n'est pas très optimiste pour la suite : selon lui, l'éventualité d'un règlement politique du conflit israélo-palestinien s'éloigne. "La France, pas plus que d'autres pays, n'a la main sur un conflit qui apparaît de plus en plus inextricable, estime David Rigoulet-Roze. C'est une tragédie pour tous les pays et toutes les parties prenantes. La solution à deux États apparaît de plus en plus compromise sur le terrain."
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