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"Il n'y a rien à craindre dans l'expression des citoyens" assure François Bayrou

Le président du MoDem et maire de Pau a insisté sur l'importance du grand débat national, en incitant les Français à y participer, jeudi 10 janvier, au micro de franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président du MoDem et maire de Pau, invité du "8h30 Fauvelle-Dély", le jeudi 10 janvier 2019.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le grand débat national, proposé par le gouvernement comme réponse à la crise des "gilets jaunes", doit être lancé la semaine prochaine. "On ne peut pas empêcher les citoyens de s'exprimer" a réagit François Bayrou jeudi 10 janvier en réponse à la volonté de l'exécutif d'encadrer le débat, "il n'y a rien à craindre dans l'expression des citoyens. On a fait un procès au président de la République parce qu'il a dit 'on va parler de l'immigration'. Il n'y a rien de plus normal quand il y a une grande inquiétude sur l'identité d'un pays que les citoyens puissent d'exprimer", a-t-il ajouté sur franceinfo. Mais pour le président du MoDem, pas question de revenir par exemple sur l'abolition de la peine de mort, "c'est un traité international qu'on ne peut pas remettre en cause dans des débats improvisés."

"Il n'est pas de bonne approche d'interdire les questions à l'avance. Les questions seront posées par les citoyens et les maires seront là pour faire une analyse, un filtre. Tout cela va remonter dans le débat vers le président et le Parlement." a ajouté le maire de Pau. 

Tous les maires ne sont pas prêts à organiser le débat 

L'association des maires de France estime que "les maires ne sont pas des auxiliaires de l'État, ce n'est pas à eux d'organiser" le grand débat national. "Ce n'est pas digne" comme réaction, a réagi François Bayrou, lui-même maire de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. "On a vécu une période de troubles et il faut qu'on sorte de cette période de troubles. Il y a absolument besoin de remettre de l'ordre dans les esprits", a-t-il insisté.

"Il faut qu'on soit un pays qui se tienne et pas qu'on s'enfonce dans cette espèce de déliquescence que l'on voit, pour laquelle il y a des gestes, des images, qui sont insupportable.", estime le président du MoDem. François Bayrou parle des "images des forces de l'ordre et de sécurité agressées". Il s'est d'ailleurs dit "prêt" à participer à la cagnotte en ligne en faveur des forces de l'ordre, en réaction à la cagnotte lancée en faveur de Christophe Dettinger. 

"Il y a un moment où il faut que tout ça entre dans une nouvelle étape, une nouvelle période. Cette nouvelle période sera ouverte par le débat. Ce débat est une redéfinition de ce qu'est le projet du pays" a-t-il poursuivi.

Une commission "illégitime" à organiser le débat

C'est la Commission nationale du débat public, présidée par Chantal Jouanno, qui est chargée d'organiser ce grand débat. Mais face à la polémique sur son niveau de rémunération, l'ancienne ministre a renoncé à remplir cette mission. François Bayrou a vivement critiqué le choix de cet organisme pour mener la consultation. Il s'est étonné du fait que dans le cadre du grand débat on veuille "à tout prix introduire une commission dont personne ne sait rien, dont la légitimité est nulle, formée de personnes qui n'ont pas été élues et dont on peut s'interroger sur l'expérience. Pourquoi est-ce qu’on n’organise pas à l’Assemblée, au Sénat un débat par des personnalités qui, elles, sont légitimes puisqu’elles ont été élues ?".

Concernant la rémunération de 14 600 euros brut de Chantal Jouanno, "je trouve que c'est complètement excessif, qu'on perd le sens de la mesure élémentaire", a réagi le président du MoDem.

Renouer le dialogue avec les corps intermédiaires

Invité de Questions politiques ce dimanche, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a affirmé ne pas avoir eu de contact avec le président de la République depuis le 10 décembre. "Il faut que ce genre de lien se rétablisse, se renoue", a réagi François Bayrou. 

"On a besoin de retrouver une vie de citoyens qui se parlent, dialoguent et veulent construire ensemble. Il faut que tout cela se mette en ordre de marche. J'aurai l'occasion de le dire" à Emmanuel Macron a poursuivi le président du MoDem. "Je le vois régulièrement mais je n'en parle jamais." a-t-il ajouté.

Retenir les passions

Mercredi, le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie, accusait Jean-Luc Mélenchon de "trahison républicaine" pour ses propos sur la cagnotte en faveur du boxeur poursuivi pour avoir frappé deux gendarmes lors de "l'acte 8" des "gilets jaunes", samedi 5 janvier. François Bayrou s'est montré lui plus prudent, estimant que les déclarations du chef de file de La France insoumise "parfois dépassent sa pensée". Le président du MoDem a assuré ne pas être là pour "délivrer des brevets sur qui mérite le qualificatif de républicain et qui ne le mérite pas".

"Ce que je sais, c'est que quand vous conduisez un peuple vers l'excès, vous le conduisez dans le mur, à l'accident majeur. (...) Quand on conduit les citoyens, alors on a le devoir de retenir les passions", a conclu l'ancien ministre. 

Ghosn résident fiscal néerlandais : "C'est scandaleux"

Carlos Ghosn, le PDG de Renault et ex-patron de Nissan est résident fiscal des Pays-Bas depuis 2012, selon des informations recueillies par franceinfo. "C'est scandaleux", a réagi ce jeudi François Bayrou. "Cela est une rupture du pacte social et du pacte civique" a-t-il ajouté. 

Retrouvez l'intégralité de l'émission "8h30 Fauvelle-Dély" du 10 janvier 2019 :

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