"L'icône immolée" de Lionel Froissart
Nous sommes ce matin dans la tête d'une icône de la Formule 1, avec L'icône immolée de Lionel Froissart. L'icône immolée, c'est le pilote brésilien Ayrton Senna, mort au volant de sa Williams sur le circuit d'Imola, en Italie, le 1er mai 1994. Un week-end maudit pour la Formule 1, puisque la veille, Roland Ratzenberger avait lui aussi trouvé la mort sur cette piste, au volant de sa modeste Simtek. Rubens Barrichello, lui aussi, avait été accidenté la veille, mais s'en était sorti miraculeusement. Et Lionel Froissart nous emmène dans la tête du champion en plein doute, en ce début de championnat du monde.
Senna n'aime pas sa voiture, et la mort de Ratzenberger le plonge dans une sorte de mélancolie, au point où il s'interroge sur sa participation à ce Grand Prix. Commence une longue nuit de souvenirs, plus ou moins heureux. Ses débuts, ses premiers exploits, ses relations avec les autres pilotes, ses amitiés, notamment celle avec Alain Prost, peu évidente vu de l'extérieur, ses inimitiés aussi, et sa ferveur religieuse, ses peurs et son indéfectible passion pour le sport auto. Avec ses moments de grâce presque effrayants au volant d'une Formule 1, quand il réalise des tours parfaits, quasiment dans un état second.
Senna est un être entier, incapable ou presque de compromis. Et c'est ce Senna, également émouvant au regard triste des dernières heures avant sa mort, et jusque sur la grille de départ de sa dernière course, que nous fait découvrir Lionel Froissart.
L'auteur nous plonge dans la tête d'Ayrton Senna
Et c'est une prouesse qu'il réalise, et c'est l'exercice proposé par cette maison d'édition qui veut ça. Dans cette collection, la nuit d'avant, David Rochefort s'était intéressé à la championne de tennis Monica Seles, numéro 1 mondiale avant ses 18 ans, victime d’une agression au couteau, en plein match à Hambourg, en 1993. Fred Poulet nous avait raconté la victoire de Marco Pantani, lʼun des plus grands cyclistes de lʼhistoire de ce sport, et de son ascension fulgurante de l'Alpe d'Huez, lors du Tour de France, le 19 juillet 1997. Marco Pantani mourra drogué, dans un hôtel, à Rimini sur la Côte Adriatique.
Àchaque fois, des récits à la première personne, incarnés donc, et en même temps très documentés. Pour L'icône immolée, Lionel Froissart a dû chercher dans ses souvenirs de journaliste, qui a suivi la Formule 1 pour le journal Libération ou Sport Auto pendant des décennies. Il connaît tout de cet âge d'or de la Formule 1, où l'on sortait à peine de l'époque des gentlemen drivers anglais.
Mais surtout, Lionel Froissart était un proche de Senna. Faire parler Ayrton Senna à la première personne avec émotion, et être dans la tête du champion ce jour-là, semble donc avoir été parfaitement limpide pour lui.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.