"Somnambule" de Dan Chaon chez Albin Michel

L'américain Dan Chaon, auteur de "Parmi les disparus", un recueil de nouvelles, et de "Une douce lueur de malveillance", joue cette fois avec les codes du roman noir et de la dystopie, et nous entraîne dans un monde dominé par la violence et la technologie.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le héros de Dan Chaon s'appelle Will Bear, il est au volant de son camping-car, accompagné de son fidèle pitbull. Il sillonne les routes d'une Amérique ravagée par des coupures de courant, et envahie de drones géants. (EDITIONS ALBIN MICHEL)

Somnambule de Dan Chaon est un roman baroque, étonnant, voire étrange, qui navigue entre différents genres : dystopie, roman policier, roman noir et d'autres genres encore. Dans ce roman, nous suivons un homme quinquagénaire. Il s'appelle Will Bear, qui est au volant de son camping-car, accompagné de son fidèle pitbull. Il sillonne les routes d'une Amérique ravagée par des coupures de courant, et envahie de drones géants. Et Will Bear est persuadé que la fin du monde n'est pas loin. Et il a sans doute raison au regard de l'état du monde que nous décrit Dan Chaon. Alors, sous différentes identités, il travaille.

On le devine, pour une organisation criminelle et il accomplit diverses missions, parfois au péril de sa vie assassinats, pose d'explosifs, transports de prisonniers, etc. Une sorte de mercenaire itinérant très efficace, mais étonnamment, un mercenaire plutôt sympathique, complètement défoncé.

On le suit dans ses missions et surtout dans ses réflexions jusqu'à ce qu'une jeune femme l'appelle sur l'un de ces téléphones normalement totalement intraçable. Elle prétend être sa fille biologique, se dit en grand danger. Alors, est-ce la vérité ou un piège? Faut-il se débarrasser d'elle comme lui demande l'organisation pour qui il travaille? Ou au contraire saisir cette opportunité pour enfin donner un sens à sa vie ?

Une atmosphère particulière

Oui, une atmosphère particulière, que les autres romans n'ont pas, et ce n'est pas faire injure à la littérature américaine des grands espaces ou des romans noirs à mi-chemin entre Tarantino et  les Frères Cohen, proches de ce roman. Il y en a beaucoup en ce moment, et de très bons. Mais celui-ci a une tonalité particulière, une tonalité en plus. Et il y a d'abord des éléments dystopiques inquiétants. Le personnage principal, ce Will Bear, vit presque constamment sous psychotropes.

C'est un roman d'itinérance en camping-car, l'homme et son chien et avec des marginaux à foison. Mais il y a, en plus, et surtout, cette introspection très fouillée que mène le mercenaire après l'appel de sa fille ou supposée fille. Le vieux mercenaire se laisse attendrir, et c'est cette thématique qui l'emporte, surtout celle du père biologique. Lui-même sans racines, qui, dans sa jeunesse a donné son sperme à une banque du sperme. Et la paternité n'est pas une question anodine pour l'écrivain, puisque lui-même a été un enfant adopté.

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