De l'effet désastreux du mensonge en politique
On oubliera peut-être un jour que l'ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, viré du gouvernement, du PS et mis en examen pour
blanchiment de fraude fiscale, avait planqué au moins 600.000 euros sur un
compte en Suisse. En revanche on n'oubliera jamais avec quel aplomb, cynisme et
apparente conviction le même Cahuzac avait, la main sur le cœur et les trémolos
dans la voix, juré devant les députés qu'il était blanc comme neige. Mentir
ainsi devant la représentation nationale relève de l'indignité, surtout
s'agissant de pognon.
Voilà pourquoi les aveux tardifs de Cahuzac ont ouvert une
crise politique qui frôle l'affaire d'Etat. Comment ne pas s'interroger sur ce
que savaient ou ne savaient pas les supérieurs du super menteur fraudeur, à
savoir le président Hollande, le Premier ministre Ayrault et le ministre de
tutelle, Moscovici. Pour le chef de l'Etat, ce n'est plus un problème de
popularité, mais de crédibilité. Soit il a été berné ce qui n'est pas glorieux,
soit il a couvert le coupable, ce qui ne serait pas tolérable.
Et puis, comment ne pas sursauter en entendant sur France Inter
la ministre verte du Logement, Mme Dufflot déclarer : "Cahuzac a trahi les valeurs morales
de la gauche ". Comme si l'honnêteté, la probité et le
simple fait de payer ses impôts sans frauder étaient des valeurs de gauche.
Comme si les menteurs et les malhonnêtes étaient forcément de droite. Là, on
touche vraiment le degré zéro du débat politique. Non, la gauche, comme aurait
dit Giscard, n'a pas le monopole de la morale. Et si Cahuzac aurait mieux fait
de parler, Dufflot aurait mieux fait de se taire.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.