Ecran couleur et matière grise

Tout ou presque a déjà été dit sur les ravages causés par la
pratique compulsive des sms qui désapprend aux adolescents l'art de l'écriture et son
corollaire désormais jugé désuet et qu'on appelait jadis l'orthographe. La
chose écrite devient peu à peu marginale, pour ne pas dire ringarde. Qui donc
pratique encore le courrier non électronique, les cartes de vœux ou les lettres
de château ? Mais bon, faut vivre avec son temps et Gutenberg date du XVe siècle.

Même motif, même punition précisément pour la chose
imprimée, autrement dit la lecture. Point besoin d'insister lourdement sur les
difficultés rencontrées par la presse écrite qui ne peut boucler ses fins de
mois qu'en développant et pas qu'un peu ses activités sur internet. L'écran des
ordinateurs et des tablettes devient ainsi la roue de secours des journaux.

Quand au petit écran, il règne en maître dans les foyers.
Selon un sondage BVA, 55% des Français préfèrent de loin la télévision à la
lecture, les livres n'ayant la préférence que de 45% des personnes interrogées.
Bref, on zappe bien plus qu'on ne lit, la télécommande marginalise la reliure
mais ca on le savait déjà. Ce n'est pas un scoop.

Ce qui est plus surprenant c'est que les séniors eux aussi
succombent à la mode du tout écran et délaissent les bouquins. Le cliché des
papis mamies accros à la lecture, ce cliché a vécu. D'après une autre enquête
réalisée pour le salon du livre, 21% des plus de 50 ans lisent encore en
moyenne une vingtaine de livres par an, mais ils sont 31% à en lire moins de cinq.

L'écran, petit ou grand, est devenu le principal support du
travail, du divertissement et de la culture. L'avenir dira si les neurones en
profitent ou en souffrent. Et toujours il faudra peser l'équilibre entre
l'écran couleur et la matière grise.