Cet article date de plus d'onze ans.

Le jour d'avant

A première vue, puisqu'on est à "J-1" et quelques heures de la fin du monde, autant en profiter sans perdre une seconde. C'est donc une journée harassante, palpitante et décapante que j'aurai vécue. Le "carpe diem" en mode urgence.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

D'abord j'ai écouté France Info en boucle et plus encore que
d'habitude pour constater combien cette radio (à nulle autre pareille) était
une radio libre faisant honneur au service public d'information et garantissant
le pluralisme sans verser dans la castration politiquement correcte.

Ensuite, j'ai mis la musique à fond, un mélange de
Pavarotti, de Mozart et de jazz, ma drogue, de Duke Ellington et de Gene Krupa,
le batteur virtuose des années quarante, créateur d'une culture aujourd'hui
omniprésente : celle des solos de batterie jouissifs et trépignants au
risque de fâcher encore mon triste voisin de palier, lequel ne m'apprécie
guère. Mais bien sûr c'est parce qu'il ignore quel être exceptionnel je suis...
Puisque l'épitaphe arrive, autant la rédiger soi-même.

J'ai mangé aussi. Et fort bien. Et bu du vin blanc, sans
aucune modération. Avec ma compagne du sexe opposé - car je suis un
incorrigible réactionnaire - j'ai échangé de tendres baisers et baladé mes
mains. J'ai fumé un superbe cigare de calibre Robusto et de cubaine provenance.

Dans la rue, j'ai confié à quelques passantes inconnues
combien je les trouvais belles et suis allé dire à un imbécile malheureux que
je lui souhaitais de mourir toujours aussi stupide mais un peu plus heureux,
rien que pour voir si ce n'est pas le malheur qui l'avait rendu méchant.

Ce soir, sitôt cette chronique entendue par vous, je relirai
André Gide, Eluard et Camus et Montaigne et Desproges et Audiard et tous ces
immenses Français qui m'ont rendu fier de ma nationalité. Et je mangerai
encore, et je boirai de nouveau et j'aimerai toujours. Toujours la même
femme. Vieille France, on vous dit.

Je déteste les fins du monde mais j'adore les jours d'avant.
Comme disent les Irlandais : "la situation est désespérée, mais elle
n'est pas grave". A demain donc. Enfin, peut-être !

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.