BD bande dessinée. L'exil d'un capitaine
Gaétan Nocq nous conte l'histoire vraie d'un officier blanc devenu sodat rouge et qui finit sa vie en jouant du cor dans un cirque à Paris.
L'histoire du côté des perdants
Quand il lance sa "galerie des dons" il y a quelques années, le Musée national de l'histoire de l’immigration demande à des artistes de se saisir d’un des objets déposés là, pour témoigner des vies d’immigrés installés en France. Le dessinateur Gaétan Nocq est également musicien ; il choisit un cor d’harmonie. L’instrument avait appartenu à un Russe blanc qui avait fini sa route à Paris en jouant dans un orchestre de cirque.
Mais avant d’en arriver là, quelle histoire ! Racontée par son fils dans un livre aujourd’hui adapté en bande dessinée par Gaétan Nocq, la vie du Capitaine Tikhomiroff vaut tous les enseignements sur la marche du monde. Et d’abord, celui-ci : il est essentiel d’observer les événements du point de vue des faibles, dont le seul souci est de survivre.
Pour Alexandre Tikhomiroff, tout commence vraiment pendant la Première Guerre mondiale, en 1916, sur le front germano-russe. Vient la révolution. Par obéissance filiale, il s’engage du côté des tsaristes. Il perd son unité, erre dans un paysage désolé, avant d’être ramassé par les bolchéviks. D’officier blanc, il devient soldat rouge.
Les Russes blancs sont les grands perdants de l'histoire. Jusqu'aux plus petits détails. Armée blanche ne prend pas de majuscule. Armée Rouge, si.
Gaétan Nocq
Une histoire minuscule, donc. C’est peut-être pourquoi Gaétan Nocq n’hésite pas à dessiner ses personnages tout petits, perdus dans la vaste plaine, presque effacés sous le ciel brouillé, plus préoccupés d’un détail - le bourdon qui vole dans un champ, le souvenir d’une cuillère en argent - que de savoir où est la vérité.
Gaétan Nocq s’est imposé la contrainte de n’utiliser que deux couleurs - le bleu de Prusse et l’ocre rouge - qu’il mélange à l’envi car les faits, pas plus que les sentiments, ne sont binaires.
Capitaine Tikhomiroff, Gaétan Nocq, à la Boîte à Bulles.
Loués par la critique
Le Grand Prix de la critique ACBD, l’association des journalistes spécialisés en bande dessinée, couronne La Terre des fils de l’italien Gipi, aux éditions Futuropolis.
Le prix jeunesse revient à Pascal Jousselin pour le premier tome de la série Imbattable aux éditions Dupuis. Deux lectures hautement recommandées.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.