BD, bande dessinée. Qui a commis le crime ?

Agatha Christie, Gilbert Chesterton, John Dickson Carr ou Dorothy Sayers sont des noms bien connus des lecteurs amateurs de romans à énigmes.

Un club très fermé

Écrivains de l’âge d’or du genre whodonit - quand le lecteur est invité à découvrir qui a commis le crime - ils ont signé leurs chefs-d’œuvre dans les années 1930. Le Crime de l’Orient-Express d’Agatha Christie a été publié en 1934 et Les enquêtes du père Brown de Chesterton jusqu’en 1935. Ces auteurs et quelques autres ont créé, en Grande-Bretagne, une confrérie qui existe toujours : le Detection Club. Le dessinateur de bande dessinée Jean Harambat, anglophile revendiqué, leur consacre sa nouvelle fantaisie, sobrement titrée Le Detection Club.

C’est Chesterton, Agatha Christie, Dorothy Sayers, mais ce sont aussi mes personnages. Je m’appuie sur leur vie et leur personnalité, mais je m’en sers comme des marionnettes sur cette île mystérieuse.

Jean Harambat

Mystère et boule de gomme

Nous voici donc embarqués avec ces ladies and gentlemen pour une île des Cornouailles où le mystère les attend. Sauront-ils, ces fins limiers de papier, saurez-vous, lecteurs attentifs, déjouer les pièges et les embûches que l’auteur a semés dans la riche demeure où ils vont séjourner ? Fin dialoguiste, Harambat manie l’exercice de style avec jubilation.

Il y a quelque chose de cet humour anglais qui se prête à ce petit théâtre de la bande dessinée : un art du dialogue, de l’ellipse, du sous-entendu. C’est une Angleterre presque de fiction et, en même temps, qui existe toujours.

Jean Harambat

Preuve de la qualité d’écriture du monsieur, son titre précédent, Opération Copperhead, a obtenu en 2018 le Prix René Goscinny qui récompense chaque année un scénariste. Mais, au dessin à la plume, que l’on pourrait aussi qualifier de tradition anglaise, à la fois vibrant et un peu sec, Jean Harambat tient son rang sur la lande battue par les vents.

Le Detection Club, aux éditions Dargaud.

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Empereur du Japon, de Junichi Nôjô (dessin) et Issei Eifuku (scénario), chez Delcourt/Tonkam

Ce manga a été mis en images pour célébrer les 30 ans de la mort de l’empereur Hirohito. C'est la première adaptation du plus long règne d’un empereur japonais, soit 62 ans.

Le manga débute le 14 août 1945, avec l’allocution radiophonique de l'empereur Hirohito annonçant la capitulation du Japon et la fin de la guerre en Asie orientale. Interrogé par l'américain Douglas Mac Arthur, commandant suprême des forces alliées, l’empereur prend alors l’ensemble de la responsabilité du Japon dans le conflit qui les a opposés : "La responsabilité m’incombe entièrement."

Mais qui était vraiment l'empereur Hirohito ? Ici on découvre une grande partie de son histoire, de son enfance jusqu’au événement qui ont conduit à la guerre. On fait la connaissance des personnes l'ayant éduqué, épaulé, voire influencé et qui ont fait de lui ce qu'il est devenu par la suite. Les dessins sont très fins et détaillés et retranscrivent bien le poids des traditions, notamment dans le jeu des regards. Cette série en 4 tomes a eu un véritable succès lors de sa sortie au Japon et a été réimprimé plusieurs fois depuis.