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La BD au féminin

Longtemps très discrètes dans l'aventure du 9ème art, les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire de la bande dessinée. Le Prix Artémisia les met en lumière. En 2014, il récompense Catel pour "Ainsi soit Benoîte Groult".
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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 D'un
côté, il suffit de jeter un coup d'œil à la liste des grands prix d'Angoulême,
la liste des auteurs récompensés pour l'ensemble de leur œuvre. 45 hommes, 2
femmes : un prix spécial pour Claire Bretécher en 1983, l'année où le
grand prix, le vrai, honore Jean-Claude Forest et le Grand Prix en l'an 2000
attribué à Florence Cestac.

D'un
autre côté, on peut constater que cette année, et ce n'est pas la première fois
dans la décennie, une femme, en l'occurrence Chloé Cruchaudet, auteure de
l'excellent " Mauvais Genre " aux éditions Delcourt, a obtenu le
grand Prix de la critique décerné par l'ACBD, l'association de la presse
spécialisée.

Donc,
la BD féminine existe, mais il y a encore du boulot pour gagner la parité.

Bien
malin qui peut donner une explication. il y en a sans doute plusieurs. D'abord,
pendant longtemps, les BD enfantines s'adressaient en priorité aux garçons. Sans
doute parce qu'elles étaient faites par des hommes. Devenus grands, les petits
garçons devenaient à leur tour auteurs de BD. Comme les petites filles ne
lisaient pas beaucoup ces histoires de cow-boys ou de vikings, elles avaient
peu de chance d'avoir à leur tour la vocation. D'autant moins que dans les
écoles d'art, on a longtemps oublié de parler de bande dessinée.

La
dessinatrice et auteure de bande dessinée Chantal Montellier porte depuis 7 ans
le prix Artémisia, du nom de cette peintre italienne de la 1ère
moitié du 17ème siècle, devenue le symbole de ces artistes femmes
que les hommes ont volontiers laissées dans l'ombre.

Pour
Chantal Montellier, il est naturel qu'il y ait une manière féminine de faire de
la BD. Le
Prix Artémisia 2014 a été remis il y a quelques jours. Il couronne une bande
dessinée de qualité, mais aussi très symbolique : "Ainsi
soit Benoîte Groult" (éd. Grasset). C'est à la fois la biographie graphique de cette grande
dame du féminisme, auteure notamment du livre référence "Ainsi soit elle", et
le récit de l'amitié que partage cette pionnière aujourd'hui âgée de 95 ans
avec la dessinatrice Catel.

Peu d'auteures
femmes, mais beaucoup d'héroïnes de BD

Sans remonter à Bécassine que les féministes ne revendiquent pas (mais qui, à y regarder de plus près, ne manque pas de qualités et de force de caractère), et pour n'en citer que quelques unes :

Barbarella
de Jean-Claude Forest... certes une icône sexy pour hommes, Laureline, la
partenaire de Valérian de Christin et Mézières, Adèle Blanc-Sec de Tardi. Et
puis, il ya les filles inventées par des filles : Agrippine de Claire Bretécher,
Joséphine de Pénélope Bagieu, Aya de Yopougon de Marguerite Aboué, dessinée par
Clément Oubrerie, et désormais Benoît Groult, même si celle-ci, question de
génération et d'éducation, déclare sur la couverture du roman graphique de
Catel : " Je n'aime pas la Bande dessinée ".  Encore une : Lou ! de
Julien Neel, qui fait un tabac chez les petites filles.

Un dernier conseil: BD de femme qui parle de femmes, "La Propriété" de l'Israelienne Rutu Modan (éd. Actes sud BD), parue à l'automne, est l'un des meilleurs romans graphqieus de 2013.

 

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