Un été Corto : chapitre quatre
La vraie patrie de Corto Maltese, c’est la France.
Car si le beau brun à la boucle d’oreille, marin sans pavillon et gentilhomme de fortune, est apparu pour la première fois dans un fumetto , une BD italienne, en 1967, c’est en répondant à une invitation du journal PIF Gadget que son créateur, Hugo Pratt, a décidé de le placer au premier plan d’un nouvelle série d’histoires. Il s’agissait de courts récits, qui oscillaient entre aventures romantiques, exotiques, et romans noirs. Non dénués de fantaisie, comme Pratt le dit lui-même dans sa présentation du personnage aux lecteurs de PIF en mai 1970. "Sans fantaisie, écrivait-il alors en préambule, il n’y a pas de poésie dans le monde".
Pour les lecteurs habitué des héros de PIF, Corto Maltese fut un choc. A l’image de ces dialogues posés sur de simples taches… S’agissait-il de guerriers africains cachés derrière leurs boucliers en peau de zèbre ? De tueurs tapis dans l’ombre d’une ruelle des Caraïbes ? Pour le savoir, il fallait tourner la page.
Du noir et blanc à la couleur
Pendant longtemps, l’art du conte d’Hugo Pratt fut ainsi synonyme de noir et blanc. Au point que, lorsque les aventures de Corto Maltese sont passées délicatement à la couleur, avec la palette de l'italienne Patrizia Zanotti, nombre de lecteurs l’ont mal vécu. Pourtant, Hugo Pratt lui-même était devenu au fil des ans un as de la couleur, un maître de l’aquarelle, comme ont pu s’en rendre compte les visiteurs de la grande exposition "Le Voyage imaginaire de Hugo Pratt" organisée par la Pinacothèque de Paris en 2011. Le dessinateur François Boucq y était. Il analyse. "Chacun se porte vers la trechnique qui lui correspond. Pratt choisit l'aquarelle, car c'est un homme de l'eau. Il cherche la fluidité dans ses récits. En même temps, cet Italien un peu sanguin met de l'eau dans son feu".
Désormais les lecteurs ont le choix. Corto en noir et blanc ou Corto en couleurs.
Dans cet épisode d'un été avec Corto Maltese, nous conseillerons cette semaine la lecture de "Sous le signe du Capricorne ", en attendant "Sous le soleil de minuit ", cet automne, par les espagnols Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero.
François Boucq a signé récemment "Le procès Carlton " avec Pascale Robert-Diard, aux éditions du Lombard, et dessine les nouvelles aventures de "SuperDupont " sur un scénario de Gotlib, à paraître aux éditions Dargaud.
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