Une source de vie amère

Isabelle Maroger enquête sur la naissance de sa mère, longtemps occultée, et raconte ce que furent les pouponnières inventées par les nazis, au nom de la pureté de la race.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une affaire de famille (ISABELLE MAROGER, BAYARD GRAPHIC / GUILLAUME SINGELIN, RENDEZ-VOUS DE LA BD D'AMIENS)

En allemand, le mot Lebensborn signifie "source de vie". Depuis la Seconde Guerre mondiale, il est surtout synonyme d’un programme eugéniste.

Une folie nazie

Il s'agissait de tenter de "revivifier" la nation allemande, en sélectionnant, dans le pays et chez les voisins d’Europe du nord, des jeunes femmes blondes, capables de donner naissance à des bébés considérés comme de pure race aryenne. Ces jeunes femmes étaient prises en charge, et accouchaient dans ces fameux Lebensborn, où les enfants étaient ensuite triés, adoptés ou rejetés.

Après-guerre, dans de nombreuses familles, les conditions de ces naissances furent tues. Le silence pour tenter d’oublier. Le silence, aussi, car il était difficile de dénoncer alors un programme qui, certes de manière aberrante, célébrait la vie quand, légitimement, les regards après-guerre se portaient vers les horreurs mortifères, l’extermination programmée des juifs d’Europe et les camps de la mort.

Il a souvent fallu attendre des décennies pour que le secret soit enfin révélé. C’est ce qui s’est passé chez Isabelle Maroger, dont la mère est née en Norvège, avant d’être adoptée en France. Sa BD est donc, d’abord, une histoire de famille.

"C’est une histoire, et un mot, qu’on n’a longtemps pas voulu regarder en face. C’est pourquoi j’ai choisi de le poser sur ma couverture. Mais ça fait clairement mal."

L'autrice, Isabelle Maroger

à franceinfo

Autant le destin de ces enfants au passé longtemps occulté est dur, autant le dessin d’Isabelle Maroger, plus habituée à écrire pour la petite enfance, est doux.

Il aura fallu attendre 2018 pour que la Norvège présente ses excuses à ses mères traitées de "filles de boches". Un de ces bébés au moins est devenu célèbre ; une fille, prénommée Anni-Frid. C’est l’une des deux chanteuses du groupe Abba. Paradoxalement, c’est la brune.

Isabelle Maroger, le week-end prochain, à Amiens…

Elle y dédicacera Lebensborn, publié chez Bayard Graphic, à l’occasion du premier week-end des 28e rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens.

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