Découverte : des implants cérébraux permettent à des victimes de traumatismes crâniens de retrouver des capacités perdues
Les prestigieuses universités de Stanford et Cornell ont travaillé sur une solution possible pour que les victimes d'accident de voiture puissent récupérer des capacités perdues après un grave traumatisme crânien. Les scientifiques ont proposé un essai clinique à des volontaires, dans lequel des implants stimulent le cerveau électriquement.
"Même regarder un film était compliqué"
USA Today s’intéresse au cas de Gina Arata. Elle vit chez ses parents à Modesto dans le nord de la Californie. En 2001, alors étudiante en droit, sa voiture a dérapé et percuté un poteau. Un accident grave, après lequel elle a passé 14 jours dans le coma. Ses poumons ont été endommagés et elle a souffert d’une hémorragie cérébrale. Après l’accident, pendant des années, elle était incapable de se concentrer. Elle raconte qu’elle ne pouvait pas travailler comme serveuse, par exemple, parce qu’elle aurait "oublié une partie de la commande". Même "regarder un film" était compliqué. Et puis, elle tombait régulièrement, parce qu’elle avait perdu le sens de l’équilibre, ou avait tendance à s’emporter.
Puis, il y a cinq ans, elle s’est portée volontaire pour un essai clinique préparé par les universités de Cornell et Stanford, pour les personnes victimes de traumatismes crâniens. L'essai consistait donc à placer des électrodes dans son cerveau. Il a fallu le faire pendant qu’elle était réveillée. "C’était une pensée étrange", dit-elle, "de se dire, les yeux ouverts, que quelqu’un est en train d'explorer son cerveau". Le principal défi était de placer les électrodes exactement au bon endroit, dans la région du thalamus, décrite comme une sorte de plateforme, connectant la partie du cerveau liée à la conscience et les autres. Tous les cerveaux n’ont pas la même forme d’où la complication et la nécessité que le patient soit éveillé.
Des améliorations nettes et surprenantes
Cette opération a été qualifiée de "tour de force", par un neurochirurgien admiratif. Il a aussi fallu installer l’équivalent d’un pacemaker dans la poitrine de Gina Arata. Une fois les électrodes activées et son cerveau stimulé, elle a senti la différence. Elle a retrouvé sa capacité de concentration. Elle a cité une liste de produits qu’on trouve dans l’allée d’un supermarché, ce qui était impossible jusqu’ici. Elle a pu se souvenir de combien d’argent elle a sur son compte en banque. Depuis, elle a commencé un livre, Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, et peut mieux contrôler ses émotions.
Les quatre autres patients de l’essai clinique ont également remarqué des améliorations nettes. D’après l’étude publiée dans la revue scientifique Nature, ils réfléchissaient 30% plus vite quand les électrodes étaient activées que quand elles étaient éteintes. Les chercheurs eux-mêmes ont eu l’air surpris que les résultats de l’essai soient aussi positifs. Rien qu’aux États-Unis, cinq millions de personnes souffriraient de traumatismes crâniens, qui les empêchent de vivre normalement. Mais il faut bien sûr tester la procédure sur beaucoup plus de patients, pour s’assurer de son efficacité.
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