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États-Unis : dans le Missouri, le retour de la fessée à l'école pour punir les élèves turbulents

En juin dernier, l'académie de Cassville a décidé d’autoriser un châtiment corporel quand d’autres formes de discipline ont échoué. C’est aux parents de dire s’ils acceptent, ou non, que leur enfant soit puni ainsi.

Article rédigé par franceinfo - Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Rentrée des classes à Los Angeles, aux États-Unis, le 15 août 2022. (ETIENNE LAURENT / EPA)

En 2001, le châtiment corporel a été officiellement abandonné à Cassville, aux États-Unis, mais il fait son retour. Dans l’annonce de l’académie du Missouri, il est écrit que la punition physique sera "raisonnable" : il s’agit de frapper les fesses avec une sorte de planche de bois. Le châtiment corporel est défini par "l’usage de la force physique comme une méthode pour corriger le comportement d’un élève". Le but ? Maintenir l’ordre et la discipline dans les écoles de l’académie.

Si des parents autorisent que leur enfant soit frappé pour problème de discipline, ils doivent tout de même être prévenus avant que cela n'arrive. Tout le monde ne peut pas punir l’élève : une personne en a, spécifiquement, la charge. Elle le fait devant un employé de l’académie comme témoin. Il est indiqué qu’aucun coup ne peut être porté au visage. Une précision en revanche - un peu curieuse vu la méthode : la punition ne doit pas entraîner de blessure physique. 

19 États autorisent la punition physique à l'école

La mesure ne sort pas de nulle part. L’académie a envoyé, au mois de mai, un formulaire à remplir anonymement aux parents, aux élèves et au personnel pour qu’ils parlent de leurs préoccupations. Et, visiblement, la discipline des élèves arrivait haut sur la liste, d’où cette proposition qui n’a pas fait scandale à Cassville. L’émission Today sur la chaîne NBC cite, par exemple, un père de deux filles de 6 et 8 ans pour qui les enfants d’aujourd’hui ne comprennent pas que leurs actions ont des conséquences. Il a donc choisi d’accepter que ses filles soient punies à l’école, si nécessaire. Une maman, elle, n’a rien contre l’idée d’une fessée mais ce n’est pas au personnel de l’école de le faire. Mais des lycéens ont créé une association pour dénoncer une politique abusive et archaïque.


 
En 1977, la Cour suprême a jugé qu’un châtiment corporel ne violait pas la constitution, sachant que le 8e amendement interdit les punitions "cruelles". Dix-neuf États du pays, surtout dans le sud conservateur, autorisent toujours qu’on éduque ainsi les enfants dans le cadre scolaire. 70 000 enfants ont été punis physiquement dans les écoles publiques américaines lors de l’année scolaire 2017-2018. Et ces chiffres ne prennent pas en compte les écoles privées !

La plupart des études sur le sujet pointent l’ineffacité de la méthode, qui entame plutôt la confiance en soi et n’aide pas à avoir de meilleures notes. Surtout, ce type de discipline tend à pénaliser les enfants noirs ou handicapés plus que les autres. En Géorgie, un élève noir a ainsi 50% plus de risque de se faire punir physiquement à l’école qu’un élève blanc. 

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