États-Unis : des camions sans chauffeur vont opérer des livraisons à Houston et Dallas

À la fin de l’année, deux sociétés américaines prévoient de déployer des poids lourds sans chauffeur, qui vont multiplier les allers-retours sur une autoroute du Texas.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Autoroute I-45, entre Houston et Dallas. (Capture d'écran Google Maps.)

En fait, des camions autonomes roulent déjà entre Dallas et Houston, deux des plus grandes villes de l’État américain. Ce n’est pas forcément facile à remarquer : la pancarte à l’arrière indiquant qu’il s’agit d’un poids lourd autonome en période de test est discrète et surtout, il y a un chauffeur au volant, pour intervenir en cas de problème !

Depuis des semaines, les camions d’Aurora Innovation et de Kodiak Robotics, deux sociétés développant des solutions de véhicules de fret autonomes, arpentent l’I-45, l’une des autoroutes les plus fréquentées du pays entre Houston, port majeur des États-Unis et Dallas.

Aurora a installé un terminal à proximité des deux villes, des terminaux capables d’opérer jour et nuit. Les 18 roues de ces camions sont truffées de capteurs, caméras et lasers. Si leurs trajets sont en phase de test, ils transportent déjà des biens pour Uber Freight ou FedEx. Environ 20 poids lourds pleinement autonomes devraient vite se retrouver sur les routes texanes. Aurora prévoit de générer du profit à partir de 2027 ou 2028.

Des changements à venir "comparables à ceux qui ont suivi le chemin de fer"

On va donc voir des camions pleinement autonomes sur les routes avant des voitures finalement. Les voitures sont toujours en phase de test et ces tests vont durer. Aux États-Unis, 70% des marchandises transportées le sont par des poids lourds, alors un professeur de l’université de Pennsylvanie, spécialiste du secteur, prédit dans le Washington Post des changements comparables à ceux qui ont suivi le chemin de fer.

Le patron d’Aurora donne l’exemple des fraises produites en Californie et livrées à Dallas en trois jours. Avec un camion autonome, le temps de transport passerait à 24 heures, parce que l’absence d’être humain à bord signifie l’absence de temps de repos. Sachant qu’en plus, le secteur souffrirait d’une pénurie de 64 000 chauffeurs. L’environnement en bénéficierait également, si l’on en croit un livre blanc d’Aurora, qui explique que 29% des émissions de gaz à effets de serre aux États-Unis viennent du transport, 50% même dans un État comme la Californie. Avec une gestion plus efficace de la vitesse et de l’essence, les poids lourds autonomes économiseraient de l’essence, ce qui veut dire moins d’émissions. Ils peuvent aussi rouler plus facilement la nuit, réduisant le trafic aux heures de pointe et la pollution produite par les autres véhicules coincés dans les bouchons.

Rassurer, un important challenge

Évidemment, des 38 tonnes sans personne au volant, ça fait un peu peur. Le challenge de la confiance est presqu’aussi difficile à surmonter que celui de la technologie, pour Aurora et Kodiak. Deux tiers des Américains craindraient de monter à bord d’un véhicule autonome.

La législation dépend des États parce que le gouvernement fédéral n’impose rien. Alors si un État ne dit pas clairement que les véhicules autonomes sont interdits, ils ne le sont pas. Mais "ce n’est pas une expérience scientifique", insiste Aurora. En attendant, si le Texas est plus ouvert à tester des véhicules autonomes que la Californie, par exemple, Cruise, qui développe des taxis autonomes, a suspendu son activité à cause de plaintes. Ses taxis, prudents, ralentiraient trop la circulation dans la ville d’Austin.

Les camions d’Aurora ont parcouru un million et demi de kilomètres et ont été impliqués dans trois accidents, tous mineurs. Un véhicule sans chauffeur n’est pas encore sûr à 100% - mais un véhicule avec un humain au volant non plus. En 2021, aux États-Unis, près de 6 000 personnes sont mortes dans un accident avec un poids lourd. En Californie, les syndicats de routiers ont poussé - sans succès - pour une loi interdisant les camions autonomes. Ils s’inquiètent pour la sécurité mais aussi pour leur emploi.

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