Inflation : en distribuant des chèques, les entreprises japonaises évitent la question de l'augmentation des salaires
Comment lutter contre la hausse des prix ? Alors que les tarifs des biens à la consommation ont augmenté de 4 % sur un an au Japon, les entreprises commencent à distribuer des chèques anti-inflation à leurs employés. Dans la dernière étude de la société Teikoku, un spécialiste des comportements des entreprises, plus d’un quart de toutes les entreprises japonaises du pays affirment qu'elles ont ainsi commencé à distribuer des bonus spéciaux à leurs salariés.
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Ici, il s’agit bien d’argent privé : ces sommes ne sont pas prises en charge ou remboursées par le gouvernement. Beaucoup de groupes ont, par exemple, décidé de donner à partir de maintenant 10.000 yens par mois, soit 70 euros. C’est le cas du développeur de jeu vidéo Colopl, qui verse un chèque spécial tous les mois et n’a, pour le moment, pas fixé de limite dans le temps. Le système peut donc être maintenu tant qu’il y aura de l’inflation.
Dans d’autres sociétés, les directions ont opté pour des versements en une fois. Ce qui permet de ne pas s’engager sur le trop long terme. Par exemple, le constructeur automobile Mitsubishi Motors a versé 100.000 yens en une fois à ses travailleurs en décembre, soit 700 euros.
Pas d'augmentation de salaire depuis 30 ans
Si les entreprises japonaises apparaissent vraiment généreuses, il y a, en réalité, un piège. En distribuant ces chèques, les directions étouffent de fait le débat sur la hausse des salaires qui est un problème central au Japon. Les Japonais sont, en effet, très mal payés : les salaires n’y ont pratiquement pas augmenté sur 30 ans. Maintenant, que les prix augmentent aussi de 4%, le pouvoir d’achat des familles ne cesse de baisser parce que leur paye stagne. Logiquement, les entreprises devraient toutes augmenter les salaires, mais elles ne veulent pas, car elles estiment qu’elles ne pourraient pas les faire redescendre si l’inflation venait à se calmer. Elles préfèrent donc distribuer des bonus ou des chèques inflation sans s'engager sur le long terme.
À noter qu'il n’y a pas d’organisations syndicales comparables à celles qui se font entendre en France, à l’exception d’une confédération assez timide, Rengo. S'il y a bien des représentants des travailleurs, cela se fait en interne dans les entreprises et ils sont la plupart du temps en ligne avec la direction des entreprises. Il n’y a donc jamais de grand mouvement social au Japon : la dernière grande grève en date a eu lieu il y a plus de 30 ans.
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