Une entreprise malaisienne recycle les fruits des palmiers à huile pour fabriquer des batteries de voitures électriques

D'un point de vue environnemental, l'huile de palme a mauvaise presse depuis de nombreuses années, considérée comme une menace pour la biodiversité et comme responsable de la déforestation.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
30 juin 2022 -  un travailleur étranger ramassant des fruits de palmiers à huile à Ijok, dans l'État malaisien de Selangor. (MOHD RASFAN / AFP)

On connaissait, jusqu’ici, l’importance de l’huile de palme dans l’industrie agroalimentaire. C’est l’huile végétale la plus cultivée dans le monde, très loin devant l’huile de soja ou l’huile de colza. Une huile qu'on retrouve dans quantité d'aliments comme les pâtes à tartiner, les biscottes, le pain de mie, les chips ou encore les plats congelés. Très utilisée dans l’industrie cosmétique pour ses propriétés nourrissantes et hydratantes, on en trouve également dans les crèmes de soin ou les shampoings.

Pour beaucoup, il sera donc étonnant d'apprendre que le fruit du palmier à huile peut aussi offrir une alternative plus durable à certains composants des batteries de voitures électriques. En Malaisie - qui produit avec l'Indonésie 80 % de l'huile de palme - une usine vient tout juste d’être inaugurée pour donner une deuxième vie aux fruits, jusqu'ici inutile après extraction du précieux liquide.

Une alternative durable à l'industrie chinoise

Évidemment, tous les composants des batteries électriques ne peuvent être substitués, mais l'anode, un de ses composants clefs, oui. Les cellules des batteries lithium-ion, que l’on retrouve dans tous les véhicules électriques, sont en effet composées de trois éléments : une cathode positive, une anode négative et des électrons qui circulent entre les deux pour produire du courant. Tous les constructeurs de batteries ont besoin de ces différents éléments, et notamment du graphite qui compose l’essentiel de l’anode.

L'entreprise malaisienne Graphjet Technology a ainsi réussi à créer de très bonnes anodes avec les noyaux des fruits du palmier à huile. Les coquilles, très résistantes, sont brûlées, réduites en poudre et traitées chimiquement pour créer ce graphite vert. Graphjet Technology vient de lancer sa production début décembre, et son carnet de commandes est déjà bien rempli. Tous les fabricants de batterie cherchent en effet à casser leur dépendance à la Chine, qui produit l’essentiel des éléments qui composent les batteries. C’est vrai pour les composants de la cathode, mais aussi de l’anode.

Plus de 90% du graphite utilisé dans les batteries du monde vient de Chine, soit de ses mines, soit de ses usines qui le synthétisent. La perspective d’obtenir un graphite non-chinois, bon marché et issu du recyclage intéresse beaucoup les constructeurs, notamment aux États-Unis et en Europe.

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