"Yami baito" : les mots scrutés sur les réseaux sociaux par la police japonaise pour contrer le recrutement en ligne de criminels

Au Japon, la réseaux criminels recrutent des personnes sans casier judiciaire pour des jobs de l'ombre. Très inquiète, la police mobilise désormais l’intelligence artificielle pour essayer de stopper ce phénomène
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La police a recruté des spécialistes de l’intelligence artificielle pour qu’ils créént un programme capable de lire tous les messages publics sur les réseaux sociaux (photo d'illustration, le 11 février 2024). (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET)

Le Japon fait face depuis, quelques mois, à une nouvelle forme de criminalité. Des personnes sans casier judiciaire sont recrutées à distance par les réseaux sociaux pour des petits jobs mais, elles se retrouvent contraintes commettre des crimes ou des délits. 

Le mot “yami baito” est apparu un peu partout, ces dernières semaines d'octobre, dans les médias japonais. “Yami” signifie sombre et “baito” travail, mais plutôt dans le sens de petit job. Donc "yami baito", peut-être traduit par travail de l’ombre. Des criminels, qui parfois ne sont même pas au Japon, diffusent sur les réseaux sociaux, comme X, Signal ou encore Telegram, des annonces pour des emplois qu’ils décrivent comme faciles et bien rémunérés. Bien sûr, ils ne disent jamais que c’est pour commettre un délit. Il s’agit de déplacer des colis, des valises entre des consignes de grandes gares ou d’aller chercher de l’argent chez une petite mamie. Ces missions, qui ont l’air inoffensives, sont données par messages protégés. On ne croise jamais le donneur d’ordre. En réalité, la valise déplacée contenait peut-être de la drogue ou des objets volés, la petite mamie chez qui vous avez récupéré de l’argent avait été, avant arnaquée par quelqu’un qui se faisait passer par son banquier.  Ensuite, c’est l’escalade.

Le chantage exercé par les réseaux criminels

Ces réseaux poussent leurs employés de l’ombre à commettre d’autres crimes. Ils exercent une forme de chantage sur leurs recrues puisqu’ils les ont déjà rémunérées et qu’ils connaissent leurs adresses, parfois même celles de leurs parents, quand ce sont des jeunes gens. Les réseaux criminels montent alors des attaques plus violentes. Il y a eu récemment des cambriolages de magasins de produits de luxe d’occasion dans la région de Tokyo. Des jeunes, qui ne s’étaient jamais vus, se sont retrouvés au même moment pour attaquer ensemble une boutique. Ils avaient tous reçu les mêmes ordres sur l’application Signal.

Depuis septembre, la police enquête sur une série de "saucissonnages" près de la capitale. Un homme de 75 ans a même été retrouvé mort chez lui à la mi-octobre à Yokohama. Il avait été ligoté et torturé. Là aussi, les enquêteurs pensent que les suspects avaient été recrutés à distance pour ces “yami baito”

Face à la recrudescence de ces affaires, la police a recruté des spécialistes de l’intelligence artificielle pour qu’ils créent un programme capable de lire tous les messages publics sur les réseaux sociaux pour identifier les offres d’emploi jugées louches. La machine traque donc X ou encore les commentaires sous les vidéos YouTube pour repérer des cas possibles de "yami baito"
On demande ensuite aux réseaux d’effacer ces annonces suspicieuses et des policiers humains peuvent aussi être alertés pour lancer une vraie enquête.

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