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C'est dans ma tête. Informer les bébés ?

Ce troisième confinement confronte à nouveau les familles à de nouvelles angoisses. Beaucoup de parents se demandent comment expliquer une telle situation aux tout petits qui ne parlent pas encore. La psychanalyste Claude Halmos nous rappelle que les événements du monde extérieur touchent tous les êtres humains, y compris les bébés et les nouveaux-nés, et qu'il faut leur parler.  

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les nouveaux-nés ressentent tout ce que vivent leurs parents. Et donc aussi, les événements du monde extérieur. Ils ne peuvent pas parler, mais comprennent ce que leur expliquent leurs parents. (Illustration) (CATHERINE DELAHAYE / STONE RF / GETTY IMAGES)

Ce troisième confinement, même s’il est différent des précédents, bouleverse à nouveau la vie des familles, et confronte les adultes à de nouvelles angoisses. Les parents ont en général, expliqué la situation à leurs enfants qui sont en âge d’aller à l’école. Mais beaucoup s’interrogent sur les plus petits, ceux qui ne parlent pas encore. Les explications de la psychanalyste Claude Halmos.

franceinfo : Est-il important de leur parler de ce qui se passe, et surtout comment peut-on le faire ? 

Claude Halmos : De très nombreux parents comprennent aujourd’hui la nécessité d’expliquer, même aux très jeunes enfants, les évènements de la vie familiale : les divorces, les déménagements, les deuils… Mais, s’agissant des problèmes liés au monde extérieur, cela ne leur semble pas toujours nécessaire, parce qu’ils ont l’impression qu’un enfant qui ne parle pas encore, ne peut pas être concerné par ce qui s’y passe. Et c’est une erreur.

Les problèmes du monde extérieur atteignent tous les enfants, même les plus petits et les bébés. Parce qu’ils sont traversés, en permanence, par ce que les adultes qu’ils côtoient en ressentent. Ils ont donc besoin qu’on leur en parle.

Et cela les aide en quoi ?

Les enfants petits, les bébés ressentent les angoisses des adultes, et elles les perturbent parce qu’elles les envahissent sans qu’ils puissent les identifier et que, de surcroît ils imaginent souvent, faute d’explications, qu’ils en sont responsables. Et ils peuvent l’exprimer par divers symptômes : des difficultés pour dormir, pour manger, des pleurs, etc…. 

Il faut donc leur expliquer que ces angoisses ne sont pas dues à eux, et surtout à quoi elles sont dues.

Et cela, même un bébé peut le comprendre ?

Bien sûr. Savoir comment les bébés comprennent est très mystérieux, mais il est sûr qu’ils comprennent, et on en a la preuve dans les consultations.
Quand un bébé, par exemple, ne dort pas, que l’on identifie une angoisse de ses parents, qu’on la lui explique, et qu’il se remet à dormir, c’est qu’il a compris.

Et il y a mille choses aujourd’hui, dans la situation actuelle, qu’il faudrait pouvoir expliquer aux bébés.

Lesquelles ?

Il faudrait leur expliquer, comme aux plus grands, le virus, la contagion, et ses conséquences : l’absence de leurs grands-parents, les masques… Et leur expliquer surtout que ce virus inquiète toutes les grandes personnes, et donc leurs parents. Et que c’est pour cela qu’ils peuvent être parfois plus énervés, et plus irritables que d’habitude. En précisant bien que c’est seulement un mauvais moment à passer, et que l’on va en sortir.

Et puis il faudrait leur expliquer aussi les changements dans l’organisation de la vie familiale : le télé travail, par exemple ; parce qu’il les amène à voir beaucoup plus leurs parents, et qu’ils risquent, sans explications, de ne pas comprendre ensuite le retour des séparations. Sans compter qu’ils les voient immobiles devant un ordinateur, et pas disponibles pour eux, ce n’est pas évident à comprendre.

Et il faut, en leur parlant, se souvenir qu’expliquer à un enfant, avec tendresse, la vérité d’une situation, c’est lui donner, quelle qu’elle soit, la force de la traverser sans dommages. Et donc préparer l’avenir.

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