C'est dans ma tête. Parents et enfants face à la fermeture des écoles
Après une semaine d'école à la maison, suivent dès ce weekend deux semaines de vacances de Pâques, toutes zones confondues. Beaucoup de changements et de bouleversements donc, qui ne sont pas sans incidence pour les enfants et leurs parents, en particulier pour les familles les plus défavorisées.
Les enfants viennent de vivre une semaine d’école à la maison. Et elle va être suivie de deux semaines de vacances. Des vacances qui se feront, pour toute une partie de la France à une date qui n’était pas celle initialement prévue. Cela fait donc beaucoup de bouleversements dans les vies, mais aussi dans les têtes. Le décryptage de la psychanalyste Claude Halmos.
franceinfo : Tout cela fait encore vivre des changements aux enfants, comme pour les parents. Que peuvent-ils faire pour le vivre mieux ?
Claude Halmos : Cette fermeture a rassuré certains parents, mais inquiété ceux qui gardaient un souvenir pénible de leur première expérience d’école à la maison ; et elle pèse sur tous.
Les parents se retrouvent à devoir faire leur métier, dans des conditions rendues difficiles par le télétravail (tout le monde n’a pas une pièce où s’isoler), et assurer en plus un travail d’enseignant. Avec ce qu’une telle charge de travail suppose de fatigue physique : ils peuvent en être réduits à travailler la nuit. Mais aussi de stress, et même de culpabilité : certains disent qu’ils ont l’impression de faire tout, mal ; ce qui les dévalorise.
Et c’est encore plus grave quand leur logement est exigu, ou sans accès à l’informatique. Ou quand le choix de celui qui va rester à la maison donne lieu à des conflits.
Cette fermeture pose quels problèmes aux enfants ?
Elle est terrible pour ceux qui sont mal-logés, sans aide dans leurs familles ou même maltraités. Mais elle est difficile pour tous, parce que l’école est pour les enfants le lieu des apprentissages, mais aussi celui de leur "vie privée" (loin du regard de leurs parents, avec d’autres adultes qu’eux), et de leur vie sociale, parmi d’autres enfants.
Et puis, sans école, les enfants doivent supporter la présence permanente de parents qu’ils sentent plus irritables, être mêlés à leur vie de couple. Ils peuvent avoir l’impression d’être une charge pour eux, et se sentir en faute. Et tout cela s’ajoute au fait que cette nouvelle fermeture relance leurs angoisses à propos de la pandémie
Que peuvent faire les parents pour les aider ?
Il faut d’abord, je crois, que les parent s’aident eux-mêmes, en renonçant à leurs idéaux de perfection : aucun parent ne peut faire tout, très bien, tout le temps ; ni rester "zen" en permanence, avec ses enfants, surtout dans une situation pareille. Et, non seulement ce n’est pas grave pour eux mais, si on leur explique ce qui se passe, c’est très formateur, parce que cela leur apprend ce qu’est la vie réelle. Il faut ensuite que les parents sortent de l’isolement, et partagent avec d’autres leurs problèmes, comme leurs solutions.
Et pour aider les enfants, il faut leur parler, ne pas leur cacher ses inquiétudes sanitaires, ou économiques, mais au contraire les leur expliquer. Et les encourager, eux-mêmes à parler. En leur disant bien que ce n’est pas leur faute si c’est difficile, et si l’on se dispute : le seul responsable, c’est le virus.
Et on peut même inventer un jeu : on dessine, sur une feuille, un gros covid (très, très moche), et on l’accroche sur un mur. Pour que, chaque fois que quelqu’un s’énerve, il puisse aller taper dessus : bien fait pour lui !
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.