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Une femme Première ministre : une aide pour les petites filles ?

À peine nommée Première ministre, Elisabeth Borne a tenu à dédier sa nomination à toutes les petites filles. C'est la deuxième fois dans l'Histoire seulement qu'une femme accède à ce poste en France. C'est donc la preuve que c'est possible. Est-ce que cela peut vraiment changer les choses ?

Article rédigé par Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Première ministre, Elisabeth Borne, entourée des ministres de son gouvernement à Matignon, à Paris, le 27 mai 2022. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Un gouvernement qui respecte la parité et, pour la deuxième fois en France, une femme Première ministre, Elisabeth Borne, qui a tenu d’ailleurs à dédier sa nomination aux petites filles.

franceinfo : Pensez-vous qu’une telle nomination puisse aider les petites filles à avancer sur la voie de l’égalité ?

Claude Halmos : Un enfant, garçon ou fille, construit l’image qu’il a – consciemment et inconsciemment – de lui-même, à partir de plusieurs éléments : la place – valorisante, ou non – que lui donne sa famille, celle – valorisée ou non – que la société donne à cette famille. Mais aussi l’image que cette société, en fonction du statut qu’elle accorde aux hommes et aux femmes, lui renvoie de son genre.

Dans l’Afghanistan des talibans, quelle image d’elle-même peut construire une petite fille qui comprend qu’elle n’a pas le droit d’aller à l’école comme les garçons, et qu’une fois adulte, elle devra cacher son corps comme un objet honteux dans une prison en tissu, et ne pourra pas sortir seule ? Même si elle est aidée par la résistance des adultes qui l’entourent, cette dévalorisation imposée et généralisée est très destructrice.

De la même façon, être fille dans un pays qui interdit l’avortement c’est savoir que, contrairement aux garçons, on ne sera jamais complètement propriétaire de son corps et de sa vie. Donc apprendre que rien n’est interdit professionnellement aux femmes est important pour les petites filles, mais beaucoup de choses les empêchent encore de se sentir les égales des garçons.

Lesquelles ?

Pour se sentir une valeur, et la capacité de réussir, les filles doivent, comme les garçons, franchir les barrières dues au statut social et culturel de leur famille, que l’école malheureusement compense trop rarement. Mais elles doivent aussi lutter pour ne pas intérioriser l’image qui leur est renvoyée d’elles-mêmes.

On explique encore souvent, par exemple, la différence des sexes aux enfants en leur disant : "Les garçons ont un pénis, les filles n’en ont pas" ; ce qui situe les filles comme des êtres auxquels il manquerait quelque chose. C’est une explication fausse : les filles manquent du pénis qu’ont les garçons, mais ils manquent, eux, des organes "pour faire les bébés", qu’elles ont dans leur ventre ; et chacun ayant ce que l’autre n’a pas, ils sont donc égaux. Mais elle est lourde de conséquences.

Quelles sont ces conséquences ?

Une explication de ce type transforme la différence des sexes en une infériorité que les petites filles peuvent intérioriser d’autant plus facilement que la société, en payant par exemple les femmes moins que les hommes, semble la confirmer.

Mais elle est destructrice aussi pour l’éducation des garçons. Poser les femmes comme inférieures, c’est favoriser les comportements des hommes qui, comme les agresseurs du métro, par exemple, les utilisent comme des objets. Et même conforter dans leurs fantasmes ceux que leurs pathologies poussent à se penser propriétaires de leurs compagnes, et autorisés à les assassiner si elles veulent les quitter. Donc une Première ministre…bravo ! Mais le combat continue.

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