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C'est ma planète. La Suède suspendue à son choix de stockage de déchets nucléaires

Le secrétaire d'Etat à la Transition énergétique Sébastien Lecornu tient un comité de haut niveau sur le projet contesté de Bure. Mais il n'y a pas qu'en France qu'un site de stockage définitif profond des déchets nucléaires fait débat. Direction la Suède où leur Cigéo a aussi été freiné dans son élan. 

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La site nucléaire de Forsmark (Suède). (FREDRIK SANDBERG / AFP FILES)

Il n'y a pas qu'en France qu'un site de stockage définitif profond des déchets nucléaires fait débat. En Suède aussi où leur Cigéo (centre industriel de stockage géologique) a aussi été freiné dans son élan. 

Le projet est situé à Forsmark sur la côte nord de la Baltique, à 150 km de Stockholm. C'est là que doivent être enfouis les déchets nucléaires les plus radioactifs, ceux issus des combustibles usés des huit centrales du pays encore en fonctionnement. Les Suèdois sont très avancés dans le projet dont la construction doit débuter en 2020, alors qu'en France le calendrier prévoit plus 2025-2030.

Chez eux, pas de couche d'argile imperméable comme à Bure mais du granit. Un granit fracturé où l'eau ruisselle. Mais les chercheurs suédois parient moins sur leur couche géologique pour faire barrière à la radioactivité que sur les colis dans lesquels sont emballés les déchets. Des colis en cuivre enrobé de bentonite : un argile qui, saturé d'eau, peut devenir imperméable. L'autre différence notable est que le projet devrait se faire à proximité d'une centrale nucléaire, là où les habitants ont la culture du risque de cette industrie et font plutôt confiance aux promoteurs du projet.

Un tribunal met le projet en suspens

En janvier dernier, le tribunal suédois de l'environnement a pourtant retoqué la demande de construction présentée par la société SKB, l'équivalent de notre agence de gestion des déchets, l'Andra. Le tribunal estime que la sûreté n'est pas assurée et que les colis de cuivre pourraient se corroder plus vite que ce que prévoit SKB. Or la radioactivité resterait très forte, pourrait entrer en contact avec la roche et se disséminer dans l'environnement. Le tribunal a demandé aux chercheurs de prouver plus précisément la tenue des emballages à la corrosion et, en attendant, le projet est en suspens. Pourtant l'autorité de sureté nucléaire suédoise avait validé le projet en fin d'année dernière après plusieurs mois d'auditions d'experts.

Un référendum local annulé

Contrairement à Bure, il n'y a pas d'occupation de bois dans cette région forestière et, surtout, où l'acceptabilité du projet est très forte. Beaucoup de terrains appartiennent à l'opérateur de la centrale, beaucoup d'habitants travaillent dans le nucléaire. Chaque année, SKB fait des sondages d'opinion sur le sujet qui montre que 79% des sondés sont favorables au projet. Pourtant les municipalités ont annulé le référendum local qu'elles comptaient organiser ce mois-ci. Elles doivent avoir le dernier mot mais le gouvernement va devoir trancher entre un avis favorable de l'autorité de sureté et les doutes du tribunal de l'environnement. 

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