Le glyphosate, dangereux ou pas ?
Le glyphosate a fait la fortune de la multinationale Monsanto mais son brevet est aujourd’hui tombé dans le domaine public et de nombreuses autres marques le développent. Plus d'un milliard de litres sont produits chaque année. C’est donc un enjeu économique et agricole énorme. Ce rapport de l'EFSA était très attendu parce que l'Union européenne doit renouveler l'autorisation de mise sur le marché de ce produit pour 10 ans d'ici juin prochain. Les industriels de la chimie s'inquiétaient, depuis qu'en mars dernier l'OMS avait classé le glyphosate comme cancérogène probable pour l'homme. Ségolène Royal avait aussi demandé aux jardineries de ne plus le vendre en libre accès à partir de janvier prochain mais de placer les produits derrière un comptoir avec des conseillers, pour en rappeler les dangers aux clients.
En fait, les deux organismes ont une approche différente de ce que doit être l'évaluation du risque et la classification des produits. L'EFSA évalue chaque substance individuellement, et aussi lorsqu'elle est mélangée avec d'autres produits puisque chaque marque va y ajouter des adjuvants pour la rendre plus efficace. Pour l'EFSA, le glyphosate en soi n'est pas dangereux, en revanche avec certaines autres molécules, il peut être plus ou moins toxique. L'OMS de son côté et son Centre international de recherche sur le cancer (Circ) étudient l'agent générique et des produits proches, mais surtout l'usage qui en est fait, notamment par les agriculteurs et les particuliers, comment il est stocké, les doses utilisées.
En août dernier, l'institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques avait conclu à la même chose que l'EFSA, mais l'ONG Foodwatch avait dénoncé la présence au sein de l'Institut fédéral allemand de deux représentants de BASF et Bayer, des géants de la chimie.
L'EFSA est régulièrement mise en cause pour la présence de représentants des firmes aussi en son sein, mais aussi sur le fait que ces avis se basent essentiellement sur des études fournies par les industriels eux-mêmes. Pour avoir leur autorisation de mise sur le marché, ils doivent prouver l'innocuité de leur produit, mais les protocoles d'études ont été dictés par les instances européennes.
Dès qu'une étude penche d'un côté ou de l'autre, les scientifiques sont accusés d'être achetés par les industriels ou d'être des militants écologistes. Une polémique qui rappelle aussi ce qui se passe sur les tests de pollution des voitures.
Il reste maintenant à Bruxelles à prendre une décision politique pour le glyphosate. C'est pourquoi la députée Europe écologie les verts, Michèle Rivasi, demande à la Commission de ne pas se décider sur une étude qui sous-estime les risques.
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