Identifier et prendre en charge une commotion cérébrale

Tout savoir sur la commotion cérébrale chez les sportifs, en particulier dans les sports de contact comme le rugby, la boxe, le judo mais aussi au football. Les précisions du docteur Martin Ducret.
Article rédigé par franceinfo - Martin Ducret
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Rugby : Tournoi des Six Nations. Marseille, le 2 février 2024.  Le capitaine de l'Irlande, Peter O'Mahony enlève son protège-dent connecté, qui permet d'étudier les impacts après des chocs violents. (SPPRESS / MAXPPP)

Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, nous parle aujourd’hui de la commotion cérébrale, ce traumatisme à la tête fréquent dans le milieu sportif, en particulier dans les sports de contact comme le rugby, la boxe, le judo mais aussi au football. D’ailleurs, l’ancien footballeur international, Raphaël Varane, a récemment témoigné en avoir été victime lors de la Coupe du monde 2014. 

franceinfo : Une commotion cérébrale c’est quoi exactement ? 

Martin Ducret : C’est un traumatisme cérébral léger, secondaire à un impact à la tête, qui entraîne une perturbation soudaine et transitoire du fonctionnement du cerveau. Il peut survenir lors de la pratique sportive, mais aussi dans la vie de tous les jours. Ça peut aller d'une perte de connaissance de quelques secondes – c’est le fameux K.O – à une altération de l’équilibre, de la vue ou encore de la capacité de jugement.

Je précise que la perte de connaissance est présente dans moins de 15% des commotions, et n'est donc pas obligatoire pour poser le diagnostic. Ensuite, dans les heures et les jours après le traumatisme, le patient se plaint en général de symptômes, en nombre et en intensité variable, comme des maux de tête, des vertiges, une gêne ressentie à la lumière ou au bruit, un ralentissement, de la fatigue ou encore une émotivité inhabituelle... 

Faut-il faire systématiquement une imagerie cérébrale (un scanner ou IRM) en cas de commotion ? 

Non, parce que l'imagerie est normale dans l'immense majorité des cas. Elle se justifie uniquement dans les rares situations où des signes – comme une altération de la conscience prolongée, ou des maux de tête croissants, accompagnés de vomissements – peuvent laisser penser que le traumatisme cérébral est grave, avec un saignement intracrânien. 

Il est donc indispensable que la personne victime d’une commotion, ne reste pas seule chez elle, dans la soirée et la nuit suivant le traumatisme pour être surveillée. 

Quelle est la prise en charge en cas de suspicion ou de commotion cérébrale avérée ? 

Chez un sportif, le premier réflexe est de le sortir de l’aire de jeu, et de l’orienter vers un médecin. Ensuite, si le diagnostic est posé, le traitement initial est le repos cérébral, il faut laisser du temps au cerveau pour se restaurer. Donc pas d’activité demandant trop de concentration. Un arrêt de travail de quelques jours peut être nécessaire, et il faut éviter l’exposition prolongée aux écrans.

Dès le lendemain du traumatisme, une activité physique légère peut débuter, et elle pourra augmenter en intensité, selon l'évolution des symptômes (marche puis footing). Par contre, la reprise du sport à risque de commotion doit être autorisée sur avis médical, qu’après disparition totale des symptômes, et elle se fera par palier progressif.

Une reprise trop précoce et non graduelle peut être à l'origine d'une prolongation ou d’une réapparition des symptômes. Mais heureusement, quand les consignes sont respectées, les symptômes régressent généralement en moins d’un mois. Dans le cas contraire, un avis spécialisé est nécessaire. Pour plus de précisions sur le sujet, j’invite les auditeurs à consulter les recommandations, publiées récemment par le groupe de travail du ministère des Sports. 

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