Ces entreprises qui recrutent des autistes
Sylvain est comptable. Opérateur de saisie comptable pour être précis. Une tâche très répétitive où il faut être rigoureux, précis et pouvoir détecter la moindre erreur. Sylvain est un autiste Asperger. Et justement la rigueur et la précision, c'est son point fort. Amélie Bonétat est à l'origine de son embauche :
" Son référent technique métier dit qu'il est un technicien vraiment précis, rigoureux, méticuleux dans son approche, tellement singulier que c'est vraiment une expérience enrichissante de travailler avec lui ".
Sylvain travaillle dans le groupe Soregor, une société qui externalise la paye et la comptabilité, basée à Tours. Elle a fait le choix d'embaucher cinq autistes Asperger. Un accord gagnant-gagnant : pour l'autiste qui a trouvé un travail, pour sa famille, pour l'entreprise qui bénéficie de ses qualités hors pair et pour ses clients.
Les Asperger, que l'on estime à dix pour cent des autistes, ont des capacités intellectuelles hors du commun. Ils peuvent se concentrer sur un sujet précis jusqu'à l'extrême. Ils savent détecter comme personne une erreur dans un code de programmation ou dans un bilan comptable. Des sortes de génie, comme le personnage incarné par Dustin Hoffmann dans le film Rain Man, mais pour qui la communication est un problème. Les non-dits et les sous-entendus, par exemple, leur restent totalement étrangers.
Des entreprises pionnières comme la Soregor, il n'y en a qu'une poignée en France. Selon l'association Autisme France, au maximum un pour cent des autistes Asperger auraient un travail en France. Alors qu'en Grande-Bretagne, par exemple, 18% des autistes travaillent en milieu ordinaire.
Au Danemark, une société "place" les autistes Asperger dans des entreprises. SAP, le géant allemand du logiciel pour les entreprises, s'est engagée à en engager six cent cinquante. Soit un pour cent de ses effectifs d'ici deux mille vingt. Aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Belgique, des aspergers sont engagés pour leurs qualités.
La France est à la traine. Et rien ne figure dans le plan autisme présenté hier sur leur intégration dans le monde du travail. Et d'ailleurs, quatre vingt dix pour cent des autistes aspergers ne sont pas diagnostiqués, selon toutes les sources. Danièle Langloys, la présidente de l'association Autisme France, affirme même que beaucoup de ces Aspergers non diagnostiqués travaillent dans des entreprises ou des universités, des centres de recherche. Notamment dans le secteur informatique, qui correspond à leur logique et où leurs qualités font merveille.
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