Fonction publique : les candidats portant un nom à consonance maghrébine ont moins de chance d'avoir un entretien d'embauche, selon une campagne de "testing"
La fonction publique territoriale n'est pas à l'abri des discriminations à l'embauche : une campagne de "testing" a été menée et permis de détecter certaines pratiques illégales.
C'est le très officiel rapport annuel sur l'état de la fonction publique qui le dit. Il vient tout juste d'être publié par le ministère de la Transformation et de la fonction publiques. Et il contient des conclusions étonnantes. Des discriminations dans l'accès à l'entretien d'embauche existent dans la fonction publique territoriale. C'est ce qui ressort des travaux menées par Yannick Lhorty, professeur à l'université Paris Est Marne la vallée, et grand spécialiste de ces discriminations.
Ces dernières années, il a mené avec son équipe plusieurs campagnes de "testing" qui ont fait grand bruit. Cette fois il s'est attaqué aux pratiques de la fonction publique. Et ses résultats sont sans appel : porter un prénom et un nom à consonance maghrébine est un handicap quand on veut être engagé dans la fonction publique territoriale...
Différences public - privé
Yannick Lhorty a travaillé sur 2 894 offres d'emploi de cadre administratif et d'aide soignante publiée en Ile-de-France, dont 860 l'ont été par des employeurs publics, sur la période 2015-2021. Pour chacune de ces offres d'emploi, comme dans toutes les campagnes de testing, trois CV fictifs et similaires en tout points ont été envoyés. Les mêmes CV, sauf que le nom et le lieu de résidence étaient différents. Le premier portait un prénom et un nom suggérant que la personne n'était pas issue de l'immigration. Il résidait dans un quartier de réputation neutre. Le deuxième avait un prénom et un nom à consonance maghrébine et résidait dans un quartier neutre. Enfin le troisième portait un nom à consonance française et résidait dans un quartier prioritaire de la politique de la ville.
Les chercheurs notent une persistance de discriminations à l'encontre des personnes portant un prénom et un nom à consonance maghrébine, et ce dans le privé, mais aussi dans la fonction publique territoriale. Pour les employeurs publics, ces candidats "ont moins de chances d'avoir une réponse positive à leur candidature", concluent-ils. Et dans le privé, les candidats issus des quartiers prioritaires ont un avantage, car un dispositif octroie une subvention aux employeurs qui recrutent un demandeur d'emploi habitant dans un quartier prioritaire. Mais ce même effet n'est pas observé dans le secteur public, dans lequel des discriminations à l'adresse continuent d'être constatées.
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