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Jurons et insultes : les limites à ne pas dépasser au travail

Est-ce que l'on peut traiter son chef de " petit c... " . Ou de " chochotte " ? Son subordonné d' " enfoiré " ? En principe non, mais tout dépend des circonstances, répondent les juges.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Maxppp)

Où est passée la courtoisie ? Que sont devenues les règles de la politesse ?

Au travail, les deux-tiers des salariés français estiment qu’elles sont de plus en plus écornées. Dans cette étude parue juste avant l’été, il est dit que dans un cas sur deux, ces insultes et ces incivilités, elles provenaient des collègues de travail eux-mêmes.

Jusqu’on peut-on aller dans le dérapage verbal sans risquer de se faire plus ou moins sévèrement rappeler à l’ordre ? Les jurons tout d’abord. En principe, ils sont sans risque. S’ils ne s’adressent à personne en particulier, s’ils ne traduisent pas une intention de nuire, s’ils sont le produit d’un simple « pétage de plombs », ça passe.

Sauf… sauf s’ils sont répétés, et qu’ils finissent pas nuire à vos collègues. Parmi les devoirs d’un employeur, il y a celui de tout faire, en amont, pour garantir la santé de ses salariés. Santé physique et psychique. Si un collègue jure comme un charretier à longueur de journée, on pourra dire qu’il perturbe, voire qu’il met en danger ses collègues. Ca reste quand même rare dans la jurisprudence.

Le plus délicat, c’est l’insulte

En clair, est-ce qu’on peut se faire virer pour avoir adressé à son chef, ou à un subordonné, le célèbre mot de trois lettres qui commence par un C et finit par un N ou bien utilisé pour lui répondre la locution de Cambronne ?

La réponse est oui. Les juges peuvent tout à fait valider un licenciement... pour faute grave…

On perd donc son boulot et ses indemnités de licenciement. La Cour d’appel d’Orléans a par exemple confirmé le licenciement pour faute grave d’un chef qui traitait régulièrement un employé d’enfoiré. Drôle dans un sketch de Coluche, pas admissible au travail.

En revanche, les juges ferment souvent les yeux s’il y a des circonstances atténuantes. Une caissière qui insulte un client après une journée de dingue : ça passe. Une autre qui traite son patron de « chochotte » en pleine restructuration d’un service, c’est bon aussi. Un salarié d’une banque qui insulte son chef dans un bureau fermé : c’est mal, mais ça ne justifie pas un licenciement pour faute grave. Un chauffeur routier qui dit à son chef qu’il n’est pas là pour faire sa… "prostituée"… tout ça dit en d’autres termes… « Cette vulgarité n’excède pas les limites de ce qui est admissible dans l’univers professionnel des chauffeurs routiers », estime la Cour de cassation. Elle n’en aurait pas dit autant si ça s’était passé en public, au conseil d’administration d’une banque d’affaires.

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