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Les enjeux du classement en "maladie professionnelle"

On parle beaucoup de maladies professionnelles ces derniers jours : un docker dont le cancer est finalement reconnu comme telle. Des médecins du travail et des députés qui veulent que le burn out soit désormais classé comme maladie professionnelle. Quel est l'enjeu de ce classement ?
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (Chambre d'hôpital © Maxppp)

 Trop long

Il aura fallu sept ans. Sept ans pour qu'un tribunal dise que le cancer dont souffrait Jean-Luc Chagnolleau, un docker du port de Nantes-Saint Nazaire, avait été provoqué par son travail. Un cancer du rein et de la thyroïde, reconnus comme maladie professionnelle. C'est une première chez les dockers.

Ce jugement du tribunal des affaires de sécurité sociale de Nantes, tombe en plein débat sur la reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle. Un collectif de médecins du travail et un groupe de députés, réclament que le syndrome d'épuisement soit inscrit au tableau des maladies professionnelles. Un combat qui est loin d'être gagné.

Plus de 100 maladies déjà reconnues

Des maladies reconnues comme étant la conséquence directe du travail, il en existe cent douze pour le régime général et soixante cinq pour le régime agricole. Les fameux troubles musculo-squelettiques, par exemple, qui touchent notamment les caissières y figurent en bonne place. Quatre maladies professionnelles sur cinq sont un trouble musculo-squelettique. Ils s'attaquent au poignet, au coude ou à l'épaule. Le cancer de la plèvre qui touche les travailleurs de l'amiante, est également une maladie professionnelle reconnue depuis longtemps.

Mais, pour le travailleur malade, qu'est-ce que ça change ? Au-delà de la satisfaction de voir l'employeur tenu pour responsable, il y a bien sûr l'indemnisation. La reconnaissance de la maladie professionnelle permet le remboursement de tous les frais médicaux. Elle permet aussi de mieux réparer le préjudice. Elle peut conduire aussi à percevoir une rente, en fonction de son taux d'incapacité. Une différence qui justifie des procédures qui peuvent prendre trois, quatre ou cinq ans s'il faut aller devant le tribunal.

La différence est de taille pour les employeurs

Le principe qui s'applique est celui du "pollueur-payeur". Quand il y a des accidents du travail dans une "boite", elle paye davantage de cotisations à la Sécu. Même chose pour les maladies professionnelles : si ses salariés tombent malades à cause du travail, elle est touchée au porte-feuille. C'est ce qui explique qu'il y ait de tels combats autour de la reconnaissance de telle ou telle affection comme étant d'origine professionnelle.

Les entreprises n'ont pas intérêt à voir s'allonger la liste de ces maladies présumées professionnelles. Pour elles, c'est une charge potentielle et l'obligation de multiplier les mesures de protection.. mais pour les salariés, ça n'est que justice.

Pour aller plus loin, l'excellent magazine Santé et Travail.

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