Semaine de quatre jours : il est trop tôt pour légiférer, selon un rapport parlementaire

La semaine de quatre jours : un rapport parlementaire publié cette semaine préconise d'attendre. Un sujet qui suscite des débats passionnés. Les entreprises qui ont choisi cette organisation du travail "sont peu nombreuses à revenir en arrière", selon le rapporteur de la mission.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
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Temps de lecture : 3min
La semaine de qutre jours : un rapport parlementaire a été publié sur ce sujet mercredi 16 octobre. Mais selon le rapporteur de la mission : " le déploiement de la semaine en moins de cinq jours progresse très lentement". (UTAMARU KIDO / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Travailler moins de cinq jours par semaine. Quels sont les avantages et les désavantages de cette organisation du travail ? Une mission parlementaire s'est penchée sur le sujet pendant six mois.

franceinfo : Quelles sont les conclusions de ce rapport ? 

Sarah Lemoine : Elles sont plutôt favorables, mais prudentes, de l'aveu même de Stéphane Viry, député LIOT des Vosges et rapporteur de cette mission. Première raison : les données statistiques sont quasiment inexistantes concernant la semaine "de" quatre jours ou "en" quatre jours, c'est-à-dire avec ou sans réduction du temps de travail.

Impossible donc, pour la mission de connaître le nombre précis d'entreprises qui ont adopté cette organisation du travail, ni le nombre de salariés concernés. "Si le sujet provoque des débats passionnés, le déploiement de la semaine en moins de cinq jours progresse très lentement", selon le député. L'an dernier, par exemple, le nombre d'accords d'entreprises serait compris entre 71 et 150 selon les différentes sources citées par le rapport.

Faute de données exhaustives, comment la mission parlementaire a-t-elle travaillé ?

Elle a auditionné une dizaine d'entreprises, des médecins du travail, des sociologues, des spécialistes des ressources humaines, les organisations syndicales et patronales etc... Elle a également analysé les nombreuses expériences menées à l'étranger.

Premier enseignement : "La semaine en moins de cinq jours n'est ni un remède universel aux maux du travail, ni une fausse bonne idée". Dans certains cas, elle améliore la situation des salariés, avec une plus grande appétence au travail, moins de stress, un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Sans que cela abîme la compétitivité.

Les entreprises qui ont adopté cette organisation du travail sont peu nombreuses à revenir en arrière, affirme Stéphane Viry. Aucune n'a vu baisser la productivité des salariés, y compris parmi celles qui ont diminué le temps de travail. Cette productivité reste stable, ou évolue à la hausse. Ces entreprises arrivent mieux, par ailleurs, à attirer et à fidéliser les salariés.

Quels sont les points négatifs ?

Faute d'évaluation, la mission ne peut pas mesurer les effets sur la santé d'une semaine de cinq jours comprimée en quatre jours. L’allongement de l’amplitude horaire est susceptible de générer plus de fatigue, de maladies, ou une hausse des accidents du travail. Mais aussi des problèmes de gardes des enfants scolarisés, notamment pour les familles monoparentales. Ces aspects ne doivent pas être occultés.

Si la mission est convaincue que la semaine de moins de cinq jours peut jouer un rôle important dans la transformation du travail, il est bien trop tôt, dit-elle, pour légiférer sur le sujet. Cette organisation ne doit pas être imposée, elle doit être négociée au sein des entreprises, avec toutes les parties prenantes. Le député Stéphane Viry appelle les branches professionnelles à se saisir de la question.

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