Séquestration de patrons : un acte isolé ou le retour de la mode du "boss napping" ?
Cela faisait longtemps que l'on avait pas assisté à ce type de scène : des cadres haves et mal rasés, nourris au jambon beurre sous la lumière des néons et les quolibets de salariés en colère... Souvenez-vous en 2009, on avait eu toute une série d'actions comme celles-là. Au point que l'on avait fini par parler de mode du "boss napping", par opposition au "kid" napping... l'enlèvement d'enfant.
Petit retour en arrière. Rien qu'en 2009 : chez Caterpillar à Grenoble, quatre cadres séquestrés. Chez Sony, c'est le PDG qui est retenu. Idem chez 3M à Pithiviers. Mais aussi chez Heuliez. Et puis chez Molex, bien sûr, dans le Tarn-et-Garonne, deux cadres invités à rester dormir pour la nuit... Sans compter François Pinault, le président de PPR : président du groupe bloqué une heure dans un taxi par des salariés mécontents.
Ces toutes dernières années aussi, il y a eu quelques opérations de ce type, notamment chez PSA... mais nettement moins nombreuses.
Alors est-ce que, avec l'affaire Goodyear, on est train de revivre cette drôle d'époque ? Ou bien s'agit-il d'un cas isolé ? Selon Bernard Vivier, historien et économiste, qui dirige l'Institut supérieur du travail, ce type d'action avait été très pratiqué dans les années 70, quand il était prôné par certains syndicats. Il avait connu un regain en 2009, sous l'effet d'une vague de délocalisations et de la survenue brutale de la mondialisation et de la crise économique et financière. Aujourd'hui, selon lui, il tient beaucoup à la personnalité des protagonistes, Maurice Taylor, le patron américain de Goodyear et Mickaël Wamen, le délégué CGT. Et il ne faudrait pas, selon ce spécialiste des syndicats, surestimer le rôle des centrales syndicales.
Revoilà le CV anonyme
C'est le Conseil général de l'Essonne qui le ressort des tiroirs. Son président, le socialiste Jérôme Guedj a annoncé qu'il allait l'expérimenter pendant six mois. Il y a 4700 salariés au Conseil général et plusieurs dizaines d'embauches chaque année. L'idée est de lutter contre les discriminations, et de ne mettre en avant que la formation et le parcours professionnel. Sauf que justement, le CV anonyme ne permet pas de lutter contre les discriminations. Pire, il serait un frein à l'embauche pour les personnes issues de l'immigration. Selon une étude menée par le CREST, le centre de recherches en économie et statistique, un candidat issu de l'immigration a deux fois moins de chance de décrocher un entretien si son CV est anonyme. Les recruteurs seraient plus indulgents sur les fautes d'orthographe, par exemple, ou sur un parcours plus difficile, quand ils connaissent les origines sociales du candidat.
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