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C'est mon époque. Le financement participatif au secours de la mémoire

Les campagnes de crowdfunding sont de plus en plus utilisées pour financer notre patrimoine, matériel ou immatériel. L’an dernier, les Français ont donné plus de 30 millions d’euros via des plateformes de financement participatif.

Article rédigé par franceinfo, Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Mémorial de la Shoah et la plateforme Bâtisseurs de mémoire viennent de lancer un appel aux dons pour le mur des noms. Ci-contre, une personne recherche un nom, le 27 janvier 2005 dans le Mémorial de la Shoah à Paris, au premier jour de son ouverture au public. Illustration. (JOEL SAGET / AFP)

Donner pour ne pas oublier : tous les instants de notre passé peuvent se retrouver au cœur d’une campagne de financement grâce au crowdfunding, littéralement "le financement par la foule". Ça passe par l’une des quelques 100 plateformes de dons, Ulule et KissKissBankBank en tête.

Des sites de plus en plus encadrés, puisque depuis deux ans, ces plateformes doivent s’immatriculer auprès de l'Organisme pour le registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance (ORIAS) et adopter un statut particulier d’intermédiaire en financement participatif. En réalité, cela permet à Tracfin, un organisme du ministère de l'Économie et des Finances, de mettre son nez dans les comptes de ces plateformes pour ne pas laisser financer le terrorisme à partir de nos dons. Les sommes versées sont loin d’être anecdotiques : pour des lieux de mémoire ou pour d’autres sortes de projets, l’an dernier nous avons donné plus de 80 millions d’euros, soit 20% de plus que l’année précédente.

Contribuer à l'éducation des jeunes

À travers le crowdfunding, on peut lutter contre l’oubli, et contribuer à l’éducation des plus jeunes. Le Mémorial de la Shoah et la plateforme Bâtisseurs de mémoire viennent par exemple de lancer un appel aux dons pour le mur des noms, où 76 000 Juifs déportés de France figurent, avec leurs noms et leurs dates de naissance. Depuis l’inauguration il y a 13 ans, il y a bien eu des remises à jour ponctuelles, mais grâce aux archives ouvertes en 2016, aujourd’hui on arrive à 1 300 corrections, voire des ajouts de noms. Il faut donc entièrement rénover les trois pans en pierre de Jérusalem. L’appel espère recueillir deux millions d’euros.

Tous les projets ne sont pas aussi intenses. À Reims, la mairie veut ériger une statut en bronze en hommage à Raymond Kopa, près du stade où le footballeur d’exception est devenu ballon d’or en 1958. Autre exemple : le musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon qui a failli fermer, connu pour être la plus grande collection de tissus au monde, devrait être définitivement sauvé s’il atteint 450 000 euros de dons d’ici début mai. En échange pour les donateurs : une visite guidée de fond en comble.

C’est encore par le financement participatif qu’on a pu projeter un film oublié pendant 80 ans, La Belle marinière, un long métrage de 1932 avec Jean Gabin. On peut aussi rendre à Félicette une notoriété méritée, elle qui aura bientôt son bronze à Paris. Cette chatte française est la seule et l'unique au monde a avoir été envoyée dans l’espace en 1963 pour les besoins de la science.

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