"Il y a une petite fierté de savoir que je participe à la fabrication de la tome des Bauges" : à la rencontre de Florine Binet, pédicure pour bovins

Il est 9 heures, et Florine Binet se gare dans une petite exploitation à la Chapelle-Saint-Maurice, au pied du Semnoz, en Haute-Savoie. Elle enchaîne les manœuvres compliquées par le soleil qui l'aveugle, pour installer la cage accrochée à l'arrière de sa voiture. Cette cage, c'est une cage de contention, qui va permettre de maintenir la dizaine de vaches laitières dont elle va traiter les pieds. "Allez, c'est parti !"

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Une fois la cage installée, Florine troque son allure rock, tatouages et piercings, contre une combinaison, des bottes, des gants et un tablier. Elle sort son matériel : des rainettes, des petits couteaux incurvés, et des meuleuses "avec des disques spéciaux, qui coupent quand il y a vraiment de la corne à enlever".

La corne morte vole dans tous les sens. Ça sent le cochon grillé. C'est assez impressionnant, mais indolore pour les bêtes et surtout indispensable. "Le but, c'est d'intervenir avant que les vaches se mettent à boiter, explique-t-elle. Trop de corne peut créer des lésions." Alors, parfois, Florine Binet doit aussi soigner " des ulcères. C'est le nom savant pour dire un trou dans le pied." Elle applique alors un antiseptique et colle une talonnette en plastique sur l'un des onglons du pied de la vache. "En fait, on va surélever l'onglon qui est sain pour que celui qui est abîmé ne porte plus de poids. Il y a un effet antidouleur puisqu'elle ne va plus appuyer sur le pied qui lui fait mal", détaille la jeune pédicure pour bovins.

Un métier très physique

"On n'a pas besoin d'aller à la salle de fitness", sourit Florine Binet en parlant de son métier, très physique. Elle doit rassurer les vaches stressées, réticentes à s'avancer dans sa cage, et parfois les y tirer ou pousser. 

Malgré ces difficultés et un salaire encore modeste - elle se dégage environ 1 000 euros par mois - Florine, qui s'est lancée après une formation en alternance, ne regrette absolument rien. "Je m'éclate et en plus je suis à la montagne. Et puis il y a une petite fierté de savoir que je participe quand même à la fabrication de la tome des Bauges et du beaufort", confie la professionnelle.

"Une vache qui a mal au pied, elle va produire moins, manger moins, elle ne sera pas bien. Faire partie de cette chaîne-là, c'est hyper valorisant."

Florine Binet, pédicure pour bovins

à franceinfo

Florine lave la cage couverte de bouses, sans avoir le temps de souffler. Elle reprend la route vers un nouveau chantier à travers les routes savoyardes.