C'était comment ? "Brune Poirson, elle est canon !"
Le conseil des ministres a eu lieu jeudi, avec le tout nouveau gouvernement. Nathalie Bourrus y était.
C’était… chaud comme la braise. Dès ce matin, nos visages ont commencé à ressembler à ceux de journalistes déguisés en écrevisses géantes. Dans cette large cour de l’Elysée, de pierre et de graviers, l’ombre se fait rare.
Les ministres arrivent, tour à tour.
"C’est qui, elle ?"
"Elisabeth Borne."
"N’importe quoi ! C’est Brune machin."
"C’est Brune Poirson, elle va bosser avec Hulot. Elle est canon !"
Ça, ce sont les photographes, qui commencent donc à s’échauffer. Jusqu’au moment où on leur interdit d’aller faire la photo de groupe du gouvernement.
"Scandale !", crient-ils.
"Chabadabada"
L’attachée de presse arrive : "Bon arrêtez de me faire suer ! (Sans jeu de mots, elle ne rit pas)… Vous allez me suivre, mais attention : qu’une seule photo de groupe."
"Hein ? Mais c’est n’importe quoi !", crient ils de nouveau.
Dans la cour de l’Elysée, ça chauffe. S’ensuivent deux heures et demi, à attendre la fin du conseil des ministres.
Tiens, revoilà l’attachée de presse.
"Alors, elle est comment cette photo de groupe ?"
Elle : "Elle est chabadabada"
Moi : "Hein ?"
Elle : "Un homme, une femme, un homme, une femme..."
Moi : "Ah d’accord... et qui est au premier rang ?"
Elle me la montre : "Le Drian… Loiseau ex-patronne de l’ENA… Parly… Mahjoubi. Et le PR, lui, est noyé au milieu, vous remarquerez, c’est une volonté de sa part."
J’écoute avec attention, tout en cuisant de plus en plus. On est passé du stade d’écrevisse à celui de p'tit poulet braisé.
"Bon, à présent, tout le monde quitte la cour."
Nous : "Hein ? On n’attend pas la sortie des ministres ?"
Elle : "Mais si… mais les photographes, vous allez tout au bout de la cour… les rédacteurs, dans la rue, derrière les barrières."
Sans voix
Nous approchons le stade de p'tit poulet braisé, mais avec la tête coupée. Les photographes vont donc aller cuire ailleurs.
12h20 : Gérard Colomb sort. Mais il n’est pas sorti de l’auberge, le ministre de l’Intérieur. C’est une traversée du désert qu’il entame, dans cette cours sans ombre.
"Ça s’est bien passé ce conseil ?", lui dis je.
"Excellent !"
L’attachée de presse me demande de ne pas poser de question, ou alors de sortir dans la rue, derrière les barrières.
Je suis un p'tit poulet braisé, sans voix. Et le souffle coupé.
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