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C'était comment ? Cazeneuve a mangé du lion

Bernard Cazeneuve a prononcé sa déclaration de politique générale devant les députés mardi après-midi à l'Assemblée Nationale. Un homme très remonté contre Francois Fillon, le candidat de la droite. Nathalie Bourrus y était.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le premier ministre Bernard Cazeneuve lors de son discours de politique générale devant les députés. (NICOLAS KOVARIK / MAXPPP)

C’était … mais pourquoi il n’est pas candidat, Cazeneuve ? Une demi-blague, lancée par les jeunes socialistes, que j'ai rencontrés dans un café entre le QG du PS, rue de Solferino, et l'Assemblée Nationale toute proche.

Eux : "On n'attend pas grand-chose de ce discours de politique générale."

Moi : "Ah bon ? Mais c’est toujours un moment important… Cazeneuve arrive dans un moment chaotique. Il peut lancer des messages en direction de la gauche pour recoller les morceaux."

L’un des deux jeunes : "Il pourrait aussi faire plus ! Ce serait fou : imaginez qu’il annonce qu’il se présente à la primaire ! "

Macron ? Un gourou. Valls ? Trop clivant. Cazeneuve ? On est content de le voir.

On en rit deux secondes, même si beaucoup ont en tête cette idée, a priori rigolote. L'idée que cet homme, solide et qui sait garder ses nerfs, aurait été idéal en candidat.

Eux : "Il a quelque chose de différent. Il n’a pas ce côté gourou de Macron, ou clivant de Valls. Valls, il a blessé une grande partie de la gauche. Cazeneuve, il calme. Cazeneuve, on est content de le voir."

Allons le voir, justement ! Je traverse le Boulevard Saint-Germain, et j’arrive dans la Salle des Quatre-Colonnes de l'Assemblée, au milieu du va-et vient habituel des députés.

"Nous n’attendons rien de ce discours. C’est une fin de règne : Bernard Cazeneuve va juste éteindre la lumière", me dit Guillaume Larrivé, député Les Républicains.

"C’est une fin de mandat, il est là pour expédier les affaires courantes", renchérit un autre parlementaire du même bord.

"Je ne suis pas d’accord, me confie un socialiste. Il a un vrai rôle à jouer ! "

Moi : "Il peut recoller les morceaux de la maison de gauche, toute cassée ? "

Lui : "Oui, par exemple. Bien sûr, personne ne va vous le dire, ça ne se dit pas, un Premier ministre n’a pas le droit de s’immiscer dans une campagne présidentielle."

Moi : "A priori, il a autre chose à faire."

Lui : "Mais il va quand même le faire ! Vous allez l’entendre, il ne va pas s’en tenir à son rôle."

Cazeneuve fait plus que rassembler et apaiser.

Et nous voilà en train de l’écouter. Et le voilà parti, sur son cheval blanc, une lance à la main. Direction : François Fillon !

"Il faut combattre les fausses promesses, qui sont de vraies impasses ! ", crie Bernard Cazeneuve. "On peut reformer sans abîmer. On peut moderniser sans détruire."

"Proposer de supprimer des centaines de milliers de postes de fonctionnaires, c’est remettre en cause la capacité de l’Etat à assumer ses missions ! ", martèle Bernard Cazeneuve, évoquant le sort du personnel soignant, celui des enseignants, sans oublier les auxiliaires scolaires.

"Vous voyez, il fait beaucoup plus que rassembler et apaiser", revient me dire le député de gauche.

"Il faudra s’adresser à l’intelligence, et non aux instincts, crie Bernard Cazeneuve a la tribune. La campagne pour la présidentielle devra proposer des débats de fond."

"Alors ça, si ce n’est pas s’impliquer ! ", me lance, tout content, le député socialiste.

Moi : "Dommage, il arrive un peu tard..."

Je me dis que, en effet, pour rassembler les débris de la grande maison de gauche, il va falloir être un très bon maçon, et un super Dalai-Lama.

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