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C'était comment ? Trouver un job dans un train

Le Train pour l’Emploi a demarré gare du Nord, à Paris, le 7 novembre. Il est allé jusqu'à Marseille, en passant par Metz, Lille, Caen, Quimper. Ce matin, terminus gare de Lyon. Nathalie Bourrus y était.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le Train pour l'Emploi, en novembre 2016. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

C’était… utopique. J’arrive sur la voie M, gare du Nord, pour l'arrivée du Train pour l'Emploi. Dès l’entrée, on est accueilli, très aimablement, par des gens de Pôle Emploi ou du Medef. Tout le monde a droit à des grands sourires, c’est assez plaisant. "C’est vrai, on n’a pas trop l’habitude… en général, ils nous font la tronche", me dit une jeune femme à la mine épuisée. Pour une fois (et c’est l’idée de cette initiative), c’est l’employeur qui est à la disposition des chômeurs… pas l’inverse.

Elle monte dans la voiture 1. Je la suis. Il est écrit : "Je réalise mon auto-diagnostic". Plusieurs ordinateurs sont installés. "Ah zut ! Ça ne marche pas." Elle peste. Un gentil agent de Pôle Emploi cherche à l’aider. Mais non, ça ne marche pas.

Elle râle : "Bon ben, ça sert à quoi d’être là ?"

Lui : "Mais cette page, vous pouvez la remplir, de chez vous."

Elle, vraiment agacée : "Ben alors, à quoi ça sert que je sois venue de Seine-et-Marne ? Et puis, on remplit ça pourquoi ?"

Lui, aimable et stoïque : "C’est pour ceux qui cherchent une formation. Se former, c’est aussi une façon de rebondir."

C'est quoi ? Un quiz

Elle soupire, limite péage de plomb… et passe en voiture 2. Je la suis. "En fait, on ne nous propose QUE des formations ! Il n'y a pas de job !"  Elle regarde autour, il y a de plus en plus de gens à avoir pris le train.

Elle se met sur un ordinateur. Elle remplit.

Moi : "C’est quoi ?"

Elle : "Un quiz."

Moi, redoublant d’efforts et de gentillesses : "Ah ! c’est bien, c’est pour mieux vous connaître, est-il écrit."

Soudain, le quiz, je le vois dans son regard : des cases à remplir, qui se vident à force de découragement. Je lis du désespoir.

"Voilà j’ai rempli, me dit-elle. En réponse, ils me disent que je cherche un boulot dans le social… sauf que je le savais… Je vais aller en voiture 3."

Femme au bord de la crise de nerfs

Je la suis. Il est écrit : "Je me forme." Je me dis qu’elle va voir rouge… Tout envoyez paître… Ou peut être brûler ce train, qui sait… La rage du désespoir.

Il est écrit aussi : "Pourquoi pas une nouvelle idée ?" Il y a un côté enchanteur… utopique… Les agents continuent d’être aimables. Ma chômeuse continue d’être Une femme au bord de la crise de nerfs.

Voiture 4 : place au "job dating". Elle : "Tiens, Monoprix est là, mais c’est pour être caissière… Et Forma Post, mais c’es pour être postière… Ça ne me va pas du tout en fait, rien à voir avec moi."

Elle ne peste plus. Cette jeune femme se tait. Son visage est fermé. Dehors, une voix annonce un train à destination de Marseille.

Partir, fuir.

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