L'adieu à Florence
Les visages burinés, encore plein de sel et de soleil. Les peaux tanées par les mers. Et les blagues de potaches, même dans les travées de cette église du 5ème arrondissement de la capitale.
*"Ah salut toi! ca fait un bail dis donc..."
"Ben ouais... t'as pas changé!"
"Toi si".*
Rires. La cérémonie n'a pas démarré. Ses copines de toujours, de longtemps, parfois d'une autre époque, s'installent, et les bonnes vieilles rigolades allègent ce moment douloureux.
*"T'as vu, y'a Phillipe là-bas ! "
"Mais naaaan, pas làààààà....derrière le poteau je te dis"*
Le poteau de l'église gothique est une colonne très très très ancienne. Peu importe. Le cercueil arrive. Fini de rire. La fille de Florence, son frère et sa mère, allument des bougies, car elle aimait cela.
"Partout dans le monde, elle allumait des cierges pour ses amis morts en mer, et pour les autres. Elle ne quittait jamais sa petite croix, autour du cou" , dira le père Guillaume Normand.
Hubert, le frère, parle de cette soeur généreuse, de son sourire, et de ce "héros fragile" . De ce médecin, qu'elle voulait être. Hubert raconte que leur père avait envoyé Florence naviguer, après un accident qu'elle avait eu, toute jeune. Elle ne pourra plus se détacher de ces océans. "Comme tout bon père, il l'a bien bien regretté au début..."
Il raconte aussi ces embrassades et ces larmes, entre un père et sa fille, quand elle gagnera la Route du Rhum en 1990. Et toujours ces anecdoctes, pour chercher à la définir.
"On l'avait survolé, à la fin de cette traversée. On lui avait dit qu'elle était en tête , dit son frère. Et comme une enfant qu'elle était aussi, elle nous avait répondu: ah bon?...Ben, faut que je me dépêche alors..."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.