Les Bocuse d'Or: la grosse compét'
C'était comment ? C’était … nerveux. "Là, vous voyez. Ils doivent préparer une entrée, avec du maquereau. Et un plat, avec du pigeonneau. Bon, Matthieu, il va falloir le coacher un peu. Il a pris du retard. Et il doit envoyer à l’heure. Sinon, il aura des pénalités." Le Monsieur fait partie du comité. Et avec le comité du Bocuse d’Or, ça ne rigole pas. Joseph Viola, a été élu meilleur ouvrier de France, il y a un petit moment déjà. Il a plusieurs restos à Lyon. Un chef installé. Il est d’un calme olympien. Pas moi.
L’ambiance est électrique. On se croirait dans une arène. Car le public, pour la première année, est perché, au-dessus des candidats. "Allez Matthieuuuu ! " Ce sont ses potes. Ils sont venus de loin.
Matthieu, est second, dans un grand restaurant de Sarreguemines. Là, il désosse. Puis, il va "chemiser ". Chemiser, c’est simple. C’est garnir le fond du moule, avec la peau du pigeonneau.
Moi, stressée : "Des pénalités ? C’est dur quand même… "
Joseph : "Ils doivent apprendre à se concentrer, malgré le bruit. Et les cris. C’est comme une compétition sportive. Mêmes conditions. Il faut savoir résister"
Atelier suivant : De la coriandre, séchée. Hum…. J’adore.
Mais je ne vois qu’une seule chose : des mini horloges, collées sur le plan de travail. Face au candidat, le président du Bocuse d’Or 2015. Il porte un micro, et raconte des anecdotes sur sa vie. Le candidat, blême, s’active, sur son pigeonneau. "Dans une heure et demi, les entrées seront goutées par le jury. Le temps presse". Ca y est, je re-stresse. Il me sourit. "Tout ira bien, pour eux. Quand on est en cuisine, on nous passe la commande. Pas question de faire attendre les clients. On les perd très vite, vous savez. Déjà, il faut les faire venir. Puis, il faut les faire revenir. Donc, on stresse, et c’est normal."
Il me re-rassure :
"On est là, pour donner du plaisir aux gens. Pas pour leur sauver la vie. Il faut redescendre sur terre tout de même" .
Ahhhh….ça va mieux, de mon côté en tout cas.
Un jeune chef vient le taper dans le dos. Ils se chambrent. Me sourient, largement.
On échange 2..3… blagues. Je me décontracte, un peu trop d’ailleurs.
Je ne regarde pas son nom, brodée sur sa veste blanche. Je m’apercevrais, plus tard, (petite boulette), que c’était le chef exécutif de l’Elysée…
Atelier numéro 3 : nous, les femmes
Là, on ne se tape pas dans le dos. La candidate, Audrey. Un commis et une aide, de sexe féminin également. Audrey a 24 ans, elle vient de Lyon. Son front est plissé par l’angoisse.
Ca y est, je re stresse. Elle s’agite. "Lâche rien ! " Je me retourne, et cherche d’où vient cette voix. Juste derrière… un homme. Je m’approche.
"Vous êtes son coach, je présume ?"
"Son père"
"D’accord. Quel stress ! La pauvre… ce n’est pas un peu trop non ?"
Lui : "Non. Elle doit apprendre à s’isoler dans le bruit. "
Bon, on a compris je crois.
Sa toque tombe.
Moi : "Donc, c’est vous qui lui avez appris la cuisine "
Lui, pas peu fier : "Oui. C’est une princesse, ma fille, elle est formidable"
Le contraire, m’eut étonnée.
Une dame vient vers lui.
"Il faut qu’elle s’attache mieux ses cheveux, ta fille"
Branle-bas de combat !
Lui, à moi : "Vous avez un élastique ?"
Moi, hyper stressée : "Mais ouiii"
Je renverse mon sac, sur le sol. J’en trouve un.
"Allez lui donner, discrètement"
J’y vais, à pas de velours.
Je stresse, encore plus.
Je parcours, au moins… 4 mètres.
Objet, livré.
Mission, accomplie.
Repli.
Je peux enfin, respirer.
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