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Midi, le silence dans le métro

Les soutiens à Charlie Hebdo et à la liberté, se multiplient. Cette journée était une journée de deuil national. Une minute de silence a été observée, dans les services publics. Et dans le métro parisien.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Message RATP visible le 8 janvier 2014 © Nathalie Bourrus - RADIO FRANCE)

Je monte à la station Passy , non loin de la Maison de la Radio. Sur un écran, on peut lire:

"Charlie Hebdo. Deuil national. Hommage aux victimes. Une minute de silence à midi. Arrêt total du trafic RATP".

Des agents me disent qu'il y a manifestement moins de monde dans le métro, aujourd'hui.

Drôle d'ambiance. Les gens semblent un peu paumés, a la fois plus pressés.

Changement à Charles de Gaulle-Etoile .

Je déambule dans les couloirs. Mon regard se cogne à des affiches qui, soudain, me paraissent d'une taille demesurée.

Illusion d'optique, c'est sûr. Errance. Pubs pour des comédies bientot au cinéma. "Pour combien tu m'aimes? ". "Sans Valentin ". Tout raisonne différemment là. En général, on ne les voit pas. Là, ça dérange. Comme un obstacle au silence.

Où vais-je?

Ah oui. Direction Nation, ligne 2.

Une dame monte. Tic Tac, Tic Tac, fait son coeur. Elle aimerait voir surgir des badges.

"Vous savez, comme du temps de Touche pas à mon Pote...Je cherche depuis ce matin ", dit elle, la voix tremblante.

Elle sait, pour la minute de silence.

Tic Tac, Tic Tac.

"Dans 2 minutes ", me dit elle.

Elle voudrait un "truc collectif, un truc tous ensemble ".

La RATP prévient. On entend une voix par haut parleur. Puis, une deuxième par dessus.

Les passagers réalisent.

Les nuques se courbent. Les visages se ferment.

Un homme monte, avec son petit spectacle de marionnettes. Il entonne son couplet: "Gaston y'a l'téléphon qui son. Mais y'a jamais person qui y répond ".

Ca ne prend pas. Des gens s'agacent. D'autres changent de place.

Aujourd'hui, pas le temps de rire.

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