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Cet été 2020. Gestes barrières, tourisme, plages et vergers... Une semaine de reportage dans le sud-est de la France

Pendant tout l'été 2020, les reporters de franceinfo vont à votre rencontre sur vos lieux de vacances. Cette semaine, direction le sud-est de la France.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Aujourd'hui, la calanque de Port-Pin est encore plus appréciée des touristes. (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Les vacances d'été se poursuivent, avec en toile de fond la crise sanitaire liée au coronavirus. Pour cette dernière semaine de juillet, franceinfo vous emmène dans le sud-est de la France, des Bouches-du-Rhône au Gard.

Une saison touristique en demi-teinte

Au coeur d'Arles, Pierrette, guide touristique au musée d'art antique, subit cette saison touristique marquée par la crise sanitaire. "On a gagné jusqu'à 80% de moins que l'année précédente. En tant que guide, on n'est ni salariés, ni mensualisés. On travaille à l'heure, à la prestation. Ça peut être très difficile", explique-t-elle.

La manne des touristes étrangers s’est envolée. Les croisières sur le Rhône avec à bord des Allemands, des Chinois et des Américains sont annulées. Résultat : 90% de la clientèle de Pierrette vient de France. Certains ne viennent pas de loin, mais pour les commerçants du centre-ville, les vacanciers de la région ne sont pas suffisants pour rattraper le manque à gagner. "Il y a beaucoup moins de touristes, explique Frédéric, vendeur de glaces. L'activité est en grosse baisse." Selon lui, cela s’explique notamment par l’annulation des Rencontres de la photo d’Arles qui attirent normalement 140 000 personnes chaque année. "À mon avis, annuler un festival, c'est 50% du chiffre d'affaires en moins."

Les artistes de la Compagnie Evolves se produisent dans les rues de Arles. (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Pour les artistes de rue, la saison s'annonce également délicate. Valentin se produit dans la commune avec sa compagnie Cie Evolves : "On a une petite baisse, on doit être à 80% de notre activité par rapport à l'an dernier. Culturellement, pour les gens qui dansent dans la rue, ça va être très compliqué."

Pour attirer les touristes, la mairie d’Arles a mis sur pied en urgence une soixantaine d’expositions, des spectacles et des concerts à taille humaine dans le respect des gestes barrières, pour un été culturel malgré la crise.


1- Le tourisme est en berne à Arles - Boris Loumagne

Masques et gestes barrières dans les vergers

À Saint-Martin-de-Crau, également dans les Bouches-du-Rhône, une entreprise productrice de pêches et de nectarines continue son activité malgré les difficultés liées au coronavirus. Depuis la mise en place de nombreuses mesures de sécurité, aucun nouveaux cas n'a été recensé dans le département. Mais certains gestes barrières sont difficiles à supporter au quotidien pour la centaine de saisonniers du site.

Dans le verger, le masque n'est pas obligatoire mais conseillé. "Il fait très chaud, ça devient dur de respirer", explique Abdélali, saisonnier qui a choisi de porter un masque pendant sa cueillette. Le respect des règles de distanciation est quant à lui impératif.

Abdélali, cueilleur de pêches masqué à Saint-Martin-de-Crau. (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

À l'entrepôt, une trentaine de saisonniers trient les différents fruits. "On a des masques assez légers, donc on arrive quand même à respirer, décrit Guillaume qui s'occupe d'empiler les cageots de fruits. Ensuite, on essaye au maximum de prendre tout le temps le même chemin afin de garder une assez grande distance entre nous et limiter au maximum les contacts. Ça a été assez difficile à mettre en place au début mais maintenant ça fonctionne très bien."

Il faut sans cesse rappeler les règles, surtout avec l'apparition de nouveaux foyers il y a trois semaines dans la région. "Les salariés ont commencé à faire de moins en moins attention, indique Saskia Vulpian, en charge des mesures sanitaires sur l'exploitation. Ils commençaient à mettre le masque sous le menton par exemple. J'ai donc fait un rappel assez strict en leur rappelant qu'il y a des clusters agricoles et des personnes asymptomatiques. Il faut faire attention."

Grâce aux masques, au gel hydroalcoolique, à la distance physique et aux tests sur les salariés, l'entreprise a sans doute permis d'éviter un nouveau foyer de contamination.

2- La cueillette de fruits chamboulée à Saint-Martin-de-Crau - Boris Loumagne

Les écogardes à l'affût des incivilités 

Dans le parc national des Calanques, entre Marseille et Cassis, il n'y a jamais eu autant de monde. Cette année, beaucoup de touristes locaux se retrouvent sur le site, ce qui augmente l'impact sur la faune et la flore. Sur le chemin escarpé qui mène à la calanque de Port-Pin, il ne faut pas attendre longtemps avant de constater la première incivilité : dans les buissons, un masque chirurgical. "Ça fait partie des nouvelles choses que l'on retrouve sur le massif avec des restes alimentaires ou des sacs plastique qui ont élu domicile dans la calanque", se désole Thibault, écogarde du parc national.

Une tonne et demie de déchets ont été ramassés dernièrement dans une seule calanque. La pollution est aussi sonore. "La musique n'est pas autorisée, pour que les personnes autour aient le loisir d'écouter les cigales et que les animaux ne soient pas dérangés", explique Manon, également écogarde.

Thibault et Manon sont écogardes dans le parc national des Calanques. (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Il y a quelques jours, les écogardes ont pu assister à une scène peu croyable. "Une file indienne, au milieu de tout le monde, pour accéder à l'eau, décrit Thibault. Avec des embouteillages entre ceux qui veulent entrer dans l'eau et ceux qui veulent en sortir."

Aujourd'hui, la journée est plus calme, mais près de 400 personnes sont tout de même présentes sur le site. Pierre et sa famille sont en vacances dans la région : "Il y a du monde, c'est peu de le dire. On est arrivés à 7h. Je pense qu'à partir de 10h c'est la limite tolérable. C'est hallucinant."

Dans la foule, les écogardes ont une priorité : traquer les fumeurs. "Tous les massifs forestiers sont interdits à tout usage de feu, explique Thibault à une fumeuse. Dans la région il y a beaucoup de départs de feu."

Le risque va s'accentuer dans les prochains jours, puisque c'est au mois d'août que les calanques reçoivent le plus de touristes.

3- Les calanques sont surpeuplées, l'incivilité augmente - Boris Loumagne

La flotte des bombardiers d'eau sur le qui-vive

À la base de Nîmes-Garons, les douze Canadair de la sécurité civile sont stationnés et prêts à intervenir dans tout le pays en cas d'incendie. "Si on demande une intervention de Canadair en Bretagne, ce sont les Canadair de Nîmes qui iront", explique Jean-Marc Mateo, pilote de Canadair depuis treize ans. 

Un incendie est signalé lorsqu'une la sonnerie retentit dans la base. "On regarde d'abord rapidement sur la carte où se situe le départ de feu et le plan d'eau le plus proche." C'est là que les Canadair se ravitailleront. "Cela peut être des lacs, des fleuves, des rivières. Il faut une distance de deux kilomètres de long, 100 mètres de large et deux mètres de profondeur."

Il fait 38°C sur le tarmac, encore plus dans l'avion. "On est dans un sauna. Il n'y a pas d'isolation. C'est de l'aluminium, donc au soleil il fait relativement chaud." À l'avant, aux commandes, il fait plus de 60°C. La forme physique est primordiale. "Le pilotage en Canadair est très physique car il n'y a pas de pilote automatique, rien n'est asservi. On est tout le temps en train de piloter l'avion. Souvent, c'est dans des conditions avec du vent, des turbulences, de la chaleur."

Jean-Marc Matéo, pilote de canadairs à la base de Nîmes-Garons (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Les 44 pilotes peuvent voler huit heures d'affilées, coincés dans cette carlingue rudimentaire. Les sensations sont particulières et uniques : "Un avion de ligne, c'est comme une grosse berline avec climatisation. Un Canadair, c'est une voiture de rallye pour faire le Paris-Dakar. C'est un avion qui va vibrer, on ressent rapidement tous les éléments. Quand on va redécoller après avoir pris de l'eau, l'avion va peser une tonne, il faut l'anticiper."

Les pilotes risquent leur vie. Il y a un an, le collègue de Jean-Marc Mateo, Franck Chesneau, a trouvé la mort dans le crash de son Tracker. "On ne s'habitue jamais, mais on est préparé à savoir que cela peut arriver."

Cette année, peu d'incendies : les pilotes ont pour l'instant étaient épargnés. Mais dans les prochains jours arrivent la canicule et la sécheresse. "Les conditions de début de semaine prochaine, avec du mistral, vont amener un risque très élevé d'incendie, annonce Adeline Savy, patronne de la base. En fonction de ce niveau de risque, on va nous demander de mettre plus d'aéronefs en alerte pour réagir rapidement sur les différents points de feu que l'on pourrait avoir."

La rapidité est capitale : lors de l'incendie en Gironde en début de semaine, les Canadair ont mis une heure et quart à arriver sur la zone depuis Nîmes.

4- Les canadairs sont sur le qui-vive à la base de Nîmes-Garons - Boris Loumagne

Face au coronavirus, les vacanciers s'organisent

À l'aube du célèbre chassé-croisé des vacances d'été, les gestes barrières sont toujours de mise pour endiguer l'épidémie. Sur une aire d'autoroute entre Nîmes et Avignon, les vacanciers s'organisent.

"On essaye de faire des vacances comme chaque année mais en évitant la foule", explique Éric, qui part avec Anna à Royan sur la côte Atlantique. Un lieu très fréquenté l'été, où le calme se paye. "On a pris un camping cinq étoiles exprès pour qu'il y est moins de familles nombreuses."

Ce week-end, juilletistes et aoûtiens vont se croiser sur l'autoroute A9. (SÉBASTIEN GARNIER / FRANCE-BLEU HÉRAULT)

Autre résolution : s'adapter à la plage et la piscine. "Peut-être y allait plus tôt ou plus tard pour ne pas être les uns sur les autres comme les années précédentes."

Le couple compte également surveiller la fréquentation des bars. "Demain, si je vais en terrasse et que je vois que c'est bondé, je n'y vais pas."

Achaya et Céline ont quant à eux choisi la montagne pour limiter les risques de contamination. Céline vient chercher le grand air de Pau : "On n'a pas du tout envie de s'agglutiner dans les villes, les rues piétonnes et les magasins avec le masque. On a les vélos et les chaussures de randonnées pour les vacances."

5- L'heure est au chassé-croisé sur les routes de France - Boris Loumagne

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