Chroniques du ciel. Notre-Dame-des-Landes : Emmanuel Macron face à un choix cornélien
Quelle que soit la décision que prendra Emmanuel Macron, sur Notre-Dame-des-Landes, elle sera critiquée et risque de plonger le gouvernement d’Édouard Philippe dans une crise politique, bien plus déstabilisante que la réforme du Code du travail.
Rien de nouveau dans le rapport des médiateurs
Le rapport de 63 pages des médiateurs, plutôt bien écrit, n’apporte rien de nouveau à la guerre des chiffres que se livrent opposants et partisans de l’aéroport depuis maintenant plus de 40 ans. En 2013, la Direction Générale de l’Aviation Civile avait fait le même travail et rendu les mêmes conclusions. Ce rapport s’en inspire d’ailleurs très largement.
Une chose sur laquelle, tout le monde s’accorde : à l’horizon 2040, le trafic à Nantes-Atlantique devrait dépasser les neuf millions de passagers, soit près de 80 000 mouvements d’avions par an, voire plus, reconnaissent les médiateurs en page 30. Ce qui signifie clairement que même s’il est réaménagé ou modernisé, la question de son déménagement sera de toute façon posée à plus ou moins long terme.
Des millions d'euros gaspillés entre temps
Entre temps, comme pour le scandale de l’écotaxe, plusieurs millions d’euros auront été gaspillés, ne serait-ce que pour rembourser Vinci Airports. Entre les sommes investies, les fonds propres engagés et les coûts de résiliation des contrats passés avec les prestataires ou les compagnies d’assurance, la facture devrait avoisiner les 350 millions d’euros, ce qui ramène les deux projets au même coût.
Et si le projet d'aéroport Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes est abandonné, il y aura forcément des négociations avec l’État, Vinci Airports étant gestionnaire de Nantes-Atlantique et de plusieurs autres plates-formes. Quid également du financement du réaménagement de Nantes-Atlantique, entre 465 millions et 595 millions d’euros, selon le rapport ? Si ce financement est connu à Notre-Dame-des-Landes, Vinci Airports va payer sur ses fonds propres 70% de la construction, le reste étant soutenu par les collectivités locales et l’État, rien n’est précisé sur le financement de Nantes-Atlantique.
Autre point passé inaperçu
Les compagnies aériennes qui payent une taxe depuis quelques années, pour financer Notre-Dame-des-Landes seront-elles en droit de réclamer le remboursement ?
Illusoire enfin de croire que la procédure de réaménagement de Nantes-Atlantique en zone urbaine et à la périphérie d’une zone Natura 2000 prendra deux ans, là où il a fallu plus de 17 ans pour Notre-Dame-des-Landes avec moins d’un millier d’habitants impactés.
Dans quelques semaines, en janvier au plus tard, Emmanuel Macron va devoir trancher un épineux dossier, sans oublier les 179 décisions de justice en faveur de la déclaration d’utilité publique du projet de Notre-Dame-des-Landes et des résultats du référendum de juin 2016.
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