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Egyptair : À la recherche des boîtes noires

La question de la transmission des données de vol en temps réel est un sujet récurrent à chaque catastrophe aérienne. On en avait beaucoup parlé après la disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines, il y a deux ans, puis après l’accident d’Air Asia en mer de Java, on en reparle aujourd’hui avec la perte de l’A320 d’Egyptair en Méditerranée.
Article rédigé par Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Les boîtes noires sont de couleur orange ou rouge afin d'être repérées plus facilement © TUFKAAP via Wikipedia CCO Public Domain)

 La question de la transmission des données de vol en temps réel

À cette question, une réponse. On sait aujourd’hui transférer les données d'un avion au sol en temps réel. Il existe, en aérospatiale, ou lors des vols d’essais des systèmes comme la télémesure, qui permettent d'avoir une visibilité quasiment permanente  sur l’évolution d’un aéronef ou d’une navette spatiale, par exemple.

 

Techniquement, ce n’est donc pas impossible, mais ça se complique lors qu’il s’agit de traiter les quelque 90 000 avions qui sillonnent chaque jour les cieux autour de la terre. C’est un décollage et un atterrissage toutes les 4 secondes. Imaginez la quantité considérable d'information à traiter en permanence.

300 millions de dollars : le coût engendré chaque année pour une compagnie aérienne

Ensuite, il faudrait installer des systèmes dédiés dans chaque avion et disposer d’une couverture satellitaire de la quasi-totalité de la planète. Cela pose aussi un problème de bande-passante.

 

Une étude réalisée il y a quelques années par un fabricant américain de boîtes noires et un opérateur de satellites avait estimé à plus de 300 millions de dollars le coût engendré chaque année pour une compagnie aérienne qui souhaiterait transmettre toutes les données de vol de sa flotte en direct et ce en tablant sur une baisse future de 50% du coût des transmissions par satellite.

La probabilité de mourir lors d’un voyage en avion est d’une sur 3 675 000

Un investissement beaucoup trop important pour les constructeurs et pour les compagnies au regard du nombre d’accidents aériens par rapport au nombre de passagers transportés, plus de trois milliards en 2015.

 

Malgré les quelques catastrophes majeures qui ont marqué les esprits depuis mars 2014, le nombre d’accidents d’avion n’a jamais été si faible depuis les débuts de l’aviation commerciale. C’est une moyenne de deux accidents pour un million de vols. La probabilité de mourir lors d’un voyage en avion est d’une sur 3 675 000.

Des solutions alternatives existent

La transmission de l’ensemble des données de l’avion au sol en temps réel, ce n’’est donc pas pour tout de suite, mais il existe des solutions alternatives. Il serait notamment envisagé de transmettre comme le font les messages de maintenance, les fameux ACARS, directement reçus par la direction des opérations aériennes de la compagnie, un nombre limité d’informations pertinentes. Ce que font également les motoristes pour mieux anticiper les différentes phases d’entretien des moteurs.

 

Un brevet récemment déposé par Boeing décrit un tel système avec un jeu de données limitées qui comprendrait la localisation précise de l'appareil et les différentes actions sur les commandes de l’équipage ou du pilote automatique.

Améliorer les boites noires pour les rendre éjectables et augmenter la durée d'émission

Après l’accident du Rio-Paris, le Bureau Enquêtes Analyses avait, dans ses recommandations, proposé d’intensifier la communication entre l’avion et les contrôleurs et de passer de 30 à 90 jours la durée d’émission des balises associées aux boites noires. Balises qui permettent de les repérer.

 

Parmi les autres pistes envisagées, il est également question d’installer sur chaque nouvel avion fabriqué une boîte noire éjectable, qui se séparerait automatiquement du fuselage à l’impact avec le sol ou l’eau. Équipée d’une bouée et d’une balise GPS, elle permettrait de renseigner immédiatement le point où l’avion s’est abîmé. Mais ce n’est pas pour tout de suite. Il faudra du temps, avant que l’organisation de l’aviation civile internationale, les constructeurs et les compagnies se mettent d’accord.

En attendant la semaine prochaine, vous pouvez retrouver plus de Chroniques du ciel sur notre page Facebook et sur notre 

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