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Cinéma week-end. Le fantastique ancré dans le réel

Avec "La Nuée", Just Philippot mêle cinéma de genre et réalisme.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Suliane Brahim dans "La nuée" (Capricci production)

Le fantastique au service du réel, le film de genre à la française creuse un sillon prolifique dont La Nuée de Just Philippot est un remarquable exemple. Avec des moyens réduits, sans effets spéciaux grandiloquents, le réalisateur nous donne des frissons sans jamais déconnecter ses personnages de leur vie.

Virginie, agricultrice veuve et mère célibataire, se lance dans l'élevage de sauterelles comestibles pour éviter la faillite, persuadée aussi que ce qu'elle fait est une réponse à la crise alimentaire et environnementale.    

Il ne fallait pas tomber dans une grandiloquence qui devienne un frein à l'empathie pour les personnages.

Just Philippot

L'enfer étant pavé de bonnes intentions et parce qu'il faut bien que le récit dérape, le film glisse vers le fantastique et le gore quand Virginie découvre que ses sauterelles se multiplient bien plus vite quand elles se nourrissent de sang. Qui, des insectes ou de l'agricultrice sous pression économique devient monstre ? C'est Suliane Brahim qui endosse le courage et la démesure de son personnage dans un jeu très physique et Just Philippot maintient son cinéma fantastique dans une histoire crédible.    

5è Set de Quentin Reynaud

Après Roland-Garros, c'est au cinéma qu'on frappe dans la balle. Alex Lutz qui excelle dans les performances physiques, "Guy", "Catherine" et "Liliane", prend la raquette d'un joueur de 37 ans qui depuis une demi-finale perdue au tournoi parisien quand il avait 20 ans, court derrière la gloire.

C'est parce que le film est radical dans ses choix qu'il est universel et émouvant.

Alex Lutz

Persuadé qu'il peut encore atteindre les sommets, il tente les qualifications avec un genou en bout de course, et contre l'avis de son entourage qui ne croit plus en lui. La performance de l'acteur tient le film de bout en bout, notamment dans la longue scène finale, les derniers échanges en temps réel du match capital que livre son personnage.      

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Médecin de nuit d'Élie Wajeman

Depuis qu'il a délaissé les scènes de théâtre pour les plateaux de tournage, Vincent Macaigne a certes conquis le public mais en étant trop souvent cantonné à des rôles de nounours sentimental. Médecin de nuit d'Élie Wajeman est un vrai rôle dramatique dans un thriller médical et nocturne.  

Ça me fait du bien d'interpréter des personnages différents.

Vincent Macaigne

Le médecin de nuit est bien plus qu'un docteur qu'on appelle pour soigner des bobos et une grippette, il est bien souvent au contact des solitudes urbaines et de la marge sociale. Celui-ci côtoie de nombreux toxicomanes en mal de substances de substitution, sa vie extra-conjugale et les arrangements qu'il concède à son cousin pharmacien embourbé dans un trafic de médicaments dangereux le pousse vers le gouffre dans un Paris nocturne très bien filmé.    

Les 2 Alfred de Bruno Podalydès

Quand un père au chômage largué par sa femme entre dans une startup dont la novlangue est en soi un sujet de comédie, ce sont les dérives absurdes du monde numérique et prétendu cool, que Bruno Podalydès passe à la moulinette.                  

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