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Cinéma week-end. "Les Siffleurs", polar à la sauce roumaine

Le réalisateur Corneliu Porumboiu signe un polar très décalé, qui illustre une fois de plus la vitalité du cinéma roumain.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
"Les Siffleurs" de Corneliu Porumboiu (VLAD CIOPLEA)

Ici, dans Les Siffleurs, point de réalisme, bien au contraire. Corneliu Porumboiu qui a avait jusque-là fait des polars sérieux, sur fond politique, s'amuse et nous avec. Comme s'il voulait mettre à distance l'évolution de son pays, il trimballe ses personnages dans des univers loufoques, à commencer par l'île de la Gomera aux Canaries, où les paysans ont inventé, il y a bien longtemps, un langage sifflé, qui permet de communiquer à distance et surtout de ne pas être compris des étrangers. Vlad Ivanov, qui interprète le personnage principal, un policier, a dû apprendre à siffler.  

C'était très difficile d'apprendre ce langage sifflé, on a travaillé deux semaines quatre heures par jour.

Vlad Ivanov

Vlad Ivanov est un flic usé par la vie, embourbé avec des truands qui l'obligent donc à apprendre ce langage pour les aider à récupérer un magot, il y a des voyous pas très futés, une brune incendiaire, nommée Gilda, clin d'œil au classique de Charles Vidor, même si Rita Rita Hayworth était rousse, une scène de douche comme dans Psychose, bref, Porumboiu se joue des codes du polar, c'est drôle et virtuose.  

L'Adieu de Lulu Wang 

Film très autobiographique présenté malicieusement par sa réalisatrice comme inspiré d'un vrai mensonge. Car mentir en Chine peut être un devoir, quand il s'agit de cacher à un aîné qu'il a une maladie incurable. C'est le cas de Nai Nai, grand-mère au caractère bien trempé, dont les enfants et petits-enfants sont éparpillés entre Chine, Japon et États-Unis. Cette grande famille organise à la hâte un mariage pour se réunir une dernière fois autour de la grand-mère.  

Dans cette tragédie imprégnée de tradition anachronique, c'est Billi qui pourrait tout dérégler. Jeune femme issue de la branche américaine de la famille, mais née en Chine, elle débarque à l'improviste, forte de son amour de petite fille et d'une exigence de vérité très occidentale peu compatible avec les us et coutumes de son pays d'origine. L'Adieu est un charmant mélo familial, mais pas seulement, Lulu Wang sait filmer ce choc de cultures et de générations, et la rappeuse Awkwafina, qui interprète Billi, a largement mérité son Golden Globe dimanche dernier à Los Angeles.    

Merveilles à Montfermeil, premier film réalisé par Jeanne Balibar  

Elle suscite une telle admiration au cinéma dans les films de Desplechin, Amalric, Honoré, Assayas, au théâtre de la Comédie Française, aux pièces survoltées de Franz Castorf, qu'on attendait avec envie son premier film derrière et devant la caméra.

Merveilles à Montfermeil est une fiction politique, utopique et poétique, ancrée dans un engagement de Jeanne Balibar qui a, en amont du film, animé de nombreux ateliers de jeu auprès de non professionnels dont certains ont été castés. Face à ces habitants d'une des villes de banlieue parisienne les plus emblématiques, c'est celle aussi de Ladj Ly le réalisateur des Misérables, Jeanne Balibar elle-même, Mathieu Amalric, Philippe Katerin, Ramzy Bedia et Emmanuelle Béart, nouvelle maire de Montfermeil, qui applique avec son équipe loufoque un programme censé réenchanter la ville.  

Mais à l'image d'un programme électoral qui ne tiendrait pas ses promesses, le film s'égare dans des directions formelles inconciliables, du réalisme social au mélo sentimental, en passant par une extravagance théâtrale qui ne passe pas sur grand écran, dommage.                          

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