Impôts : ce patron paie l'ISF et trouve cela normal
Plusieurs centaines de milliers d'euros, mais moins d'un million. C'est l'estimation de ce que Jean-Paul Legendre verse au fisc. Il ne veut pas donner le chiffre exact...
C'est la moitié de ce qu'il gagne, impôt sur la fortune compris. Et il ne s'étrangle pas pour autant, n'a pas l'impression d'être un pigeon ou racketté : "Je considère que ça fait partie d'une démocratie. On peut se dire que 50 % de ce que l'on gagne, c'est beaucoup. Mais la contrepartie, c'est la sécurité et la liberté, moi ça me convient".
Redevable à la France
À 62 ans, il est à la tête d'une entreprise du bâtiment, 1.230 salariés aujourd'hui, autour de 300 millions d'euros de chiffre d'affaires, réalisé quasi exclusivement en France, dans le quart Nord-Ouest du pays. C'est la société de son père, qu'il a intégrée en 1968, il avait alors 16 ans. A l'époque, il n'y avait qu'un ouvrier et un apprenti. Lui travaillait sur les chantiers. Aujourd'hui, il donne beaucoup d'argent à la France, et il sait ce qu'elle lui a donné : "Dans combien de pays aurais-je pu, sans le moindre diplôme, créer une entreprise et la monter à ce niveau-là sans sombrer dans un système mafieux ou perdre tous mes repères ? Quand on fait le tour, il y a moins de dix pays dans le monde. On connaît l'impôt en France, il est cher mais on sait ce que l'on va payer. Dès qu'une démocratie faiblit, elle cohabite avec un système mafieux et quand le racket commence, vous ne savez pas où il se termine ".
La santé, les transports, l'éducation... Jean-Paul Legendre égrène, admiratif, ce que ses impôts servent à financer. Son entreprise, il l'a officiellement donnée à ses enfants, grâce à une fiscalité extrêmement avantageuse sur la transmission, il le dit lui-même. Il était de toute façon hors de question qu'il vende. Il voulait leur léguer un travail, pas une fortune : "Crée-t-on une entreprise parce qu'on est un entrepreneur ? L'argent est-il un moyen ou un but ? Quand vous avez répondu à ces questions, vous avez fait une bonne partie du chemin ".
"Je peux dormir tranquille"
Pour Jean-Paul Legendre, l'argent est bel et bien un moyen. Celui d'entreprendre et, à titre privé, de pouvoir s'offrir ce dont il a envie. Comme ses périples, sac à dos sur les épaules, au Népal, en Mongolie ou en Bolivie. Il aime voyager mais ne s'imagine absolument pas dans la peau d'un exilé fiscal : "Je peux dormir tranquille. J'ai des journées chargées, mes nuits ne sont pas très longues, j'ai envie d'avoir la conscience tranquille. Ça ne m'a même pas effleuré l'esprit ".
Rennais, Breton, il ne veut pas vivre ailleurs. Entrepreneur, il est bien ancré dans la réalité, certainement pas un doux rêveur. Sa société paie beaucoup de taxes évidemment, et avec son service juridique il fait en sorte d'alléger la note. Toujours par des moyens légaux : "Nous ne sommes pas au Luxembourg ou aux îles Caïmans,c'est clair ! Donc nous payons nos impôts. Nous faisons partie des sociétés avec plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires donc nous payons 33 %, avec une surtaxe de 5 %, donc on paie 3 8% d'impôt sur les sociétés et on n'échappe à rien contrairement aux sociétés du CAC 40, aux multinationales. On sait qu'ils payent moitié moins d'impôt que nous ". Jean-Paul Legendre regrette les changements permanents de fiscalité, ce qui occupe selon lui 50 % du temps des patrons. Un temps qu'il voudrait consacrer à découvrir de nouveaux marchés, développer la croissance et créer des emplois.
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