Chute de Bachar al-Assad : Moscou s'inquiète de l'avenir de ses deux bases stratégiques en Syrie

Ancienne alliée du dictateur syrien déchu, la Russie semble déjà être passée dans "l'après Assad". Sa grande préoccupation actuellement : l'avenir de ses bases militaires en Syrie, desquelles dépend toute son influence en Afrique.
Article rédigé par franceinfo, Sylvain Tronchet
Radio France
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Temps de lecture : 2min
La base navale russe de Tartous s'est considérablement vidée en quelques jours, ici le 9 décembre 2024. (- / PLANET LABS PBC / AFP)

La Russie était, avec l'Iran, le principal soutien de Bachar al-Assad, et l'avait sauvé militairement en intervenant dans le pays en 2015. Cette fois-ci, elle n'est pas intervenue dans la destitution du dirigeant syrien par les forces islamistes. Les rebelles étaient à peine entrés dans Damas, Bachar al-Assad était à peine parti vers la Russie, que le Kremlin a tout de suite annoncé des discussions avec les nouvelles autorités syriennes. Moscou s'assurait de garanties de sécurité qui lui avaient été données concernant ses bases militaires.

Un des problèmes de Moscou est de pouvoir rapatrier certains de ses soldats qui étaient dans des petites bases, souvent loin de Damas. Il semble qu'un accord ait pu être trouvé en collaboration avec la Turquie pour les sortir de là. Il y a surtout les deux principales bases russes en Syrie, la base aérienne de Hmeimim et la base navale de Tartous. Il s'agit de deux implantations stratégiques pour la Russie, dans le cadre du soutien qu'elle apportait au régime de Bachar al-Assad. Mais elles avaient également d'autres perspectives. Si Moscou semble les avoir sécurisées pour l'instant, leur avenir est incertain et va faire l'objet de discussions, dit le Kremlin qui reste très discret sur leur devenir.

Des bases importantes pour la Russie

La base navale de Tartous est une très ancienne base russe, ouverte dans les années 70, sous l'URSS. Elle était vétuste, mais la Russie y a mené d'importants travaux ces dernières années. Elle est essentielle pour que la marine russe puisse avoir une présence en Méditerrannée, sans être obligée d'aller se ravitailler dans les ports de la mer Noire. Elle peut accueillir jusqu'à quatre bâtiments de taille moyenne, et près de 2 000 militaires seraient stationnés sur place.

Quant à la base aérienne de Hmeimim, il y aurait encore une quinzaine d'avions sur place. Elle est aussi essentielle pour les gros-porteurs qui assurent le ravitaillement des unités russes en Afrique, au Mali, en Centrafrique, notamment, qui ne peuvent pas s'y rendre d'une traite depuis la Russie.

Donc si la Russie perdait ces deux bases en Syrie, ce serait toute sa politique sur le continent africain qui serait remise en cause. D'autant plus qu'il n'existe pas vraiment de solution de rechange. À Moscou, on parle d'implanter des bases en Libye ou au Soudan, mais la situation est très instable dans ces deux pays, et ils sont trop loin de la Russie pour les avions gros-porteurs par exemple. Moscou a un bail de 49 ans pour l'utilisation de ses bases en Syrie, mais il est suspendu au bon vouloir du nouveau pouvoir à Damas.

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